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Jeunes Européens : quelles valeurs en partage ?

Agora 67

À travers quatre contributions utilisant les résultats de la 4e enquête sur les valeurs des Européens menée en 2008, ce dossier s’intéresse aux réponses des 18-30 ans, à leurs espaces d’appartenance (intégrant la question du cosmopolitisme) et à leur sentiment européen dans sa dimension politique.


DOSSIER

 

Introduction

Olivier GallandBernard Roudet

Les valeurs des jeunes Européens : un tableau d’ensemble Olivier Galland Les valeurs des jeunes Européens restent fortement déterminées par l’appartenance nationale. C’est le premier enseignement d’une analyse systématique des orientations de valeurs des Européens, jeunes et adultes, réalisée grâce à la construction d’indicateurs synthétiques. Cette analyse permet de dégager trois groupes de pays aux systèmes de valeurs assez contrastés : les pays du nord de l’Europe, les pays d’Europe continentale et les pays de l’est de l’Europe. Un autre enseignement de l’étude est la mise en évidence du rôle persistant du facteur religieux dans l’orientation des valeurs des jeunes.

 

La démocratie est-elle un idéal commun aux jeunes Européens ?

Bernard Roudet

Au cours du xxe siècle, les jeunes, et surtout les étudiants, furent acteurs ou enjeux d’évènements à travers différents mouvements ou projets destinés à les mobiliser lors d’élections. Aujourd’hui, les jeunes Européens se caractérisent par un certain retrait vis-à-vis de l’espace politique, tant en termes de politisation, de participation politique que de confiance dans les institutions. On cherche à montrer dans cet article si l’idée démocratique est toujours valorisée par les nouvelles générations, mais aussi si des divergences sont constatées dans le rapport à la démocratie entre les jeunes et les générations plus anciennes, ainsi qu’au sein des différents pays européens.

Appartenances et orientations cosmopolites des jeunes Européens

Vincenzo Cicchelli

En essayant de traduire sociologiquement les grands questionnements du cosmopolitisme, cet article exploite les indicateurs relatifs aux formes d’identification infranationale, nationale et supranationale de l’enquête Valeurs, afin d’étudier les déterminants de l’appartenance des jeunes Européens d’une part et de saisir les implications de cette dernière en termes d’orientation cosmopolite à l’égard du monde d’autre part. Incontestablement, les jeunes qui déclarent une appartenance à l’Europe et au monde sont plus souvent diplômés, urbains, socialement intégrés et vivent en Europe occidentale. Ils affirment également plus fréquemment accepter la différence culturelle, se montrent plus solidaires avec des individus appartenant aux cercles les plus éloignés de leur sociabilité et moins inquiets quant à l’immigration.

Les opinions des jeunes à l’égard de l’Union européenne

Céline Belot

Au niveau européen, les 18-29 ans se montrent plus confiants à l’égard de l’Union européenne (UE), moins craintifs des effets de l’intégration que leurs aînés. S’agit-il d’un effet de l’âge ou l’âge est-il médiateur d’autres effets ? Pour y répondre l’article s’appuie sur des régressions linéaires qui offrent la possibilité à la fois de tester différentes hypothèses – hypothèse identitaire, hypothèse de la mobilisation cognitive, hypothèse du libéralisme culturel – permettant d’expliquer ces attitudes plus favorables des jeunes à l’égard de l’UE et de distinguer quatre profils explicatifs des caractéristiques du positionnement des jeunes à l’égard de l’Europe qui résument de très fortes variations nationales. Il met ainsi en évidence que dans quelques pays, notamment en France, ce sont aujourd’hui les jeunes les plus diplômés qui se montrent les plus craintifs à l’égard de l’UE.

 

HORS DOSSIER

 

Jeunes Européens : quelles valeurs en partage ?

Un dossier coordonné par Olivier Galland et Bernard Roudet

Des bons élèves aux bons étudiants
Manières de vivre et d’étudier

Carole Daverne, Yves Dutercq

En enquêtant sur les étudiants des classes préparatoires et les lycéens qui s’y destinent, cet article permet de dégager chez ces bons élèves des caractéristiques renvoyant à une manière de concevoir leurs études qui les différencie des étudiants de l’université de masse. Ils se distinguent en effet par la rationalisation de leurs efforts, quelques renoncements aux plaisirs de leur âge et un soutien de leurs parents, souvent dotés d’un bon capital culturel et économique, ce qui leur a permis de les aider à faire les justes choix d’orientation. Ces caractéristiques s’ajoutent à des conditions d’études favorables leur permettant d’envisager avec confiance leur avenir social et professionnel.

Les rapports à l’institution scolaire de familles populaires dans les mondes ruraux contemporains

Lorenzo Barrault

Cet article aborde, à partir d’une enquête de terrain, l’appréhension de l’institution scolaire par des familles des classes populaires dans un contexte rural peu densément peuplé et caractérisé par un isolement institutionnel important. En questionnant notamment la diversité des attentes et des investissements autour de l’école primaire, l’analyse souligne que ces familles sont intéressées par la scolarité de leurs enfants et entretiennent des rapports à l’école inégalement investis et maîtrisés selon leurs trajectoires, leurs insertions éventuelles dans des réseaux de sociabilité, et leur appartenance à différentes strates plus ou moins stables des classes populaires.

Le volontariat dans l’animation
Vers une déprofessionnalisation au nom de l’engagement ?

Magalie Bacou, Christophe Dansac, Patricia Gontier, Cécile Vachée

Cet article analyse le projet des fédérations d’éducation populaire de créer un statut de volontaire dans l’animation déconnecté du droit du travail, en le reliant au dispositif du service civique volontaire. Il montre, d’une part, l’inadéquation de ce projet avec les aspirations et les trajectoires professionnelles dans l’animation et, d’autre part, celle du dispositif avec les motivations des jeunes en service civique. De surcroît, il analyse comment la rhétorique plébiscitant l’engagement occulte les enjeux économiques et contribue à une reconfiguration du marché du travail.

 

Lectures

Comptes rendus de lecture 

  • Barriolade D., Besse L., Loustalot A. (dir), Maurice Herzog, un septennat pour une politique Jeunesse et Sports, La Documentation française, 2013, par Jean-Pierre Augustin
  • Octobre S., Sirota R. (dir.), L’enfant et ses cultures. Approches internationales, La Documentation française, 2013, par Bernard Bier
  • Orange S., L’autre enseignement supérieur. Les BTS et la gestion des aspirations scolaires, Presses universitaires de France, 2013, par Aude Soubiron
  • Palluau N., La fabrique des pédagogues. Encadrer les colonies de vacances 1919-1939, Presses universitaires de Rennes, 2013, par Baptiste Besse-Patin
  • Pickard S., Nativel C., Portier-Le Cocq F. (dir.), Les politiques de jeunesse au Royaume-Uni et en France : désaffection, répression et accompagnement à la citoyenneté, Presses Sorbonne nouvelle, 2012, par Félix Krawatzek
  • Vakaloulis M., Précarisés, pas démotivés ! Les jeunes, le travail, l’engagement, Les éditions de l’Atelier, 2013, par Sylvain Bordiec