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Saisir la diversité de la jeunesse à travers ses rapports au travail

Exploitation de l’enquête Génération 2013

Couverture du rapport INJEP 2019-09

La posture de la « Génération Y » face au travail inquiète : elle se désintéresserait du travail, serait peu compétitrice, peu fidèle à l’entreprise, etc. Les sciences sociales ont déconstruit ces préjugés en montrant que les différentes générations ont des façons similaires de se représenter le travail, les études sur la question consistant principalement à comparer les attitudes des jeunes et des plus âgés. Cette recherche adopte une autre approche en s’intéressant plutôt aux différences de représentations du travail qui traversent la jeunesse. Pour ce faire, elle s’appuie sur l’enquête statistique Génération 2013 du CEREQ qui interroge des jeunes trois ans après la fin de leur formation initiale.

Il en ressort que les jeunes mettent en avant une conception du travail où l’épanouissement est un aspect important : le travail doit être source de développement personnel, de construction identitaire, et plus généralement de bien-être. Dans cette optique, ils sont particulièrement attachés à l’équilibre entre vies professionnelle et personnelle. Par ailleurs, le peu d’intérêt qu’ils accordent au niveau de salaire vient relativiser l’image d’une jeunesse consumériste. Mais, l’attention qu’ils portent à la sécurité de l’emploi laisse penser que l’incertitude inhérente au marché du travail a été intériorisée par une grande partie d’entre eux.

Cette étude invite à préférer le pluriel et à parler des « rapports » au travail des jeunes : ils n’ont en effet pas la même relation au travail en fonction de leur situation personnelle ou professionnelle. Les jeunes femmes sont sensibles à l’équilibre entre travail et hors travail, probablement car elles assument, ou devront assumer, une grande partie des charges familiales. Ceux et celles qui occupent les statuts professionnels les moins privilégiés, notamment les chômeurs et intérimaires, sont plus attentifs aux aspects matériels du travail tandis qu’ils relèguent au second plan les notions de bien-être, d’expression ou d’épanouissement personnel.