La Malette des parents

LES PROJETS

Initié en 2000, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), conduit tous les trois ans par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), propose une évaluation internationale des systèmes éducatifs auprès des 38 pays membres de l’OCDE et autres pays partenaires. La France se caractérise par un écart important de performance entre les élèves de milieux « favorisés » et « défavorisés ». Fort de ces constats, le Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse (FEJ) a financé plusieurs projets de lutte contre les inégalités scolaires1. Parmi eux, deux dispositifs visant l’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants ont été menés et évalués, dans les académies de Créteil, puis de Versailles.

En 2009, l’académie de Créteil a lancé un projet visant la consolidation du lien entre le collège et les parents d’élèves de 6e volontaires, majoritairement issus de zones d’éducation prioritaire, en vue d’assurer un meilleur suivi scolaire de leurs enfants et favoriser ainsi leur réussite. Concrètement, le projet s’est attaché à informer, soutenir les parents par des ateliers-débats multithématiques (fonctionnement du collège, temps des devoirs, autorité face à la préadolescence, etc.) et le déploiement de formations gratuites d’aide au suivi de la scolarité de leurs enfants, en particulier dans les domaines linguistiques et numériques.

En 2010, l’académie de Versailles a lancé un projet visant l’implication des parents dans l’aide à l’élaboration du projet d’orientation de leurs enfants, en difficulté scolaire en fin de 3e. Il s’agissait d’une part, d’aider les parents à mieux comprendre les potentielles problématiques relatives à l’orientation (difficultés pour les jeunes à se connaître, méconnaissance des voies de formation, incompréhension des facteurs multiples déterminant l’orientation, etc.), et d’autre part, d’outiller les parents pour mieux accompagner leurs enfants (information sur les procédures d’orientation, les facteurs de réussite, la diversité des parcours possibles, etc.).

LES ENSEIGNEMENTS

Les évaluations ont été menées par l’Ecole d’économie de Paris. Elles se sont déroulées de 2008 à 2010 pour la mallette sixième, portée par l’académie de Créteil, et de 2010 à 2013 pour la mallette troisième déployée par l’académie de Versailles.

Bien qu’il s’agisse d’évaluations distinctes, elles interrogent toutes les deux l’implication des parents dans le parcours scolaire de leurs enfants et ses effets sur leur réussite.

En 2008-2009, l’évaluation a mis la focale sur la mise en œuvre du dispositif et ses effets. En 2009-2010, l’évaluation a interrogé l’efficacité des modes de communication utilisés pour favoriser la participation des parents.

La première étude indiquait une participation relativement faible des parents, avec seulement 20 % d’entre eux se portant volontaires pour le projet. Parmi eux, seuls 17 % ont participé à l’ensemble des actions proposées (ateliers-débats) et 58 % ont assisté à au moins un débat. Cette participation n’a pas permis d’aboutir à des conclusions probantes sur la mise en œuvre du dispositif et a donné lieu à l’étude de 2009-2010 relative aux modes de communication. Si le contenu du projet initial n’a pas été revu, le mode opératoire du nouveau dispositif a quant à lui évolué avec une invitation différenciée des parents : l’ensemble des parents d’élèves de 6e des 37 collèges avait la possibilité de participer au programme mais seule une partie d’entre eux a reçu une invitation personnelle (lettre, lettre accompagnée d’un DVD, appel téléphonique /SMS de rappel…). L’autre partie des parents n’était informée de la tenue des réunions qu’au début d’année (lors des réunions d’information générales).

Les enseignements révèlent une implication des parents plus importante dès lors qu’ils sont invités personnellement par le collège, et notamment via des SMS de rappel. En effet, l’envoi d’un courrier ne semble pas suffire à engager les parents à participer à la différence de l’envoi d’un SMS ou d’un appel téléphonique.

Les efforts de communication fournis par les établissements ont contribué à mieux impliquer les parents dans le parcours scolaire des enfants, avec pour effets une baisse de l’absentéisme, des problèmes de discipline et parfois une amélioration des résultats scolaires, notamment en français. Les retombées positives du dispositif sont également perceptibles sur les élèves de la classe dont les parents ne se sont pas portés volontaires.

L’évaluation a estimé l’impact du dispositif visant à soutenir les familles dans les choix d’orientation en fin de 3e, pour le quart des élèves les plus faibles scolairement, risquant un décrochage scolaire. Les résultats sont positifs sur l’implication des parents. Les parents du groupe test ont davantage participé aux réunions d’information, interagi avec d’autres parents d’élèves et ont formulé des voeux plus réalistes sur l’orientation de leurs enfants par rapport aux parents du groupe témoin.

La perception des élèves sur les différentes filières existantes, notamment professionnelles a également évolué positivement chez des élèves de très faible niveau scolaire, tout comme pour les formations d’apprentissage chez les « décrocheurs potentiels ».

L’évaluation a également mis en évidence une réduction de plus d’un tiers des redoublements en fin de 3e. Les redoublements évités par le programme ne sont pas des redoublements qui auraient été productifs. Les effets sont d’autant plus importants pour les garçons et élèves d’origine modeste, considérés comme les plus à risque de décrochage.

LES SUITES

En 2013, la circulaire DGESCO n°2013-142 réaffirme l’intérêt de construire une véritable coopération entre les parents et l’École. Les directeurs académiques des services de l’Éducation nationale sont chargés de faire connaitre aux parents les initiatives sur un territoire, notamment le dispositif « la mallette des parents ». A partir de 2016, le site national « la Mallette des parents » est créé et propose des ressources en ligne pour que les professionnels de l’éducation puissent organiser des temps de rencontre avec les familles et que ces dernières s’informent et s’impliquent davantage dans le parcours scolaire de leur(s) enfant(s) de l’école maternelle au collège.

  1. https://telemaque.injep.fr/Record.htm?Record=19202771124910209539&idlist=3

POUR ALLER PLUS LOIN

Publications sur les expérimentations