Les conseils de jeunes, instaurés dans de nombreux territoires, ont pour ambition de favoriser l’apprentissage de la citoyenneté et l’implication des jeunes dans la vie publique. Toutefois, leur composition demeure marquée par une faible mixité sociale : les jeunes qui y participent présentent majoritairement des profils socialement favorisés.
S’appuyant sur 37 entretiens menés auprès d’élus, d’animateurs, d’intermédiaires et de jeunes, qu’ils soient engagés ou non, cette étude éclaire la manière dont les dispositifs d’accompagnement à l’engagement tendent à sélectionner certains profils au détriment d’autres.
Tout d’abord, un flou persiste quant aux finalités des conseils, souvent conçus comme des espaces visant à « donner la parole aux jeunes », mais sans réelle stratégie de ciblage ou de mobilisation des publics les plus éloignés des institutions. Par ailleurs, les modes de recrutement – fréquemment relayés par les établissements scolaires, les structures socio-éducatives ou les réseaux informels – contribuent à reproduire des biais sociaux. Les intermédiaires (enseignants, animateurs, travailleurs sociaux) orientent spontanément leurs propositions vers des jeunes déjà identifiés comme « capables » ou engagés dans d’autres espaces. Ce processus de cooptation et de sélection implicite limite considérablement l’accès des jeunes issus des milieux populaires et des quartiers défavorisés.
Enfin, les conditions pratiques de fonctionnement (lieux et nature des réunions, temporalité, charge de travail attendue, moyens alloués) et le faible ancrage dans les préoccupations concrètes des jeunes renforcent ce phénomène d’exclusion. Ces derniers peuvent éprouver un sentiment d’illégitimité ou percevoir une distance culturelle et symbolique qui freine leur engagement.
En définitive, cette étude interroge l’idée d’un désengagement des jeunes attribué à leurs caractéristiques individuelles. Elle montre que ce sont les modalités d’organisation et les logiques implicites des conseils de jeunes qui contribuent à reproduire les inégalités d’accès. Pour promouvoir une réelle mixité, il importe de repenser les objectifs, les pratiques de recrutement et les modes de fonctionnement de ces instances.
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