Quel rapport les jeunes en situation de vulnérabilité entretiennent-ils avec le travail ? C’est à cette large question que cette étude franco-québécoise entend apporter quelques éléments de réponse. Elle est le fruit d’une recherche conduite de manière conjointe par des chercheurs du Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST), de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) et de la chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec.
Basé sur une enquête empirique qualitative conduite auprès de plus de 80 jeunes et de plus de 30 intervenants auprès de ces jeunes, ce rapport vise à mettre en lumière le rapport au travail des jeunes en situation de vulnérabilité à partir de trois angles d’analyse. Tout d’abord celui des séquences de vulnérabilité ressentie et de son revers, les moments où les jeunes ont le sentiment d’être en contrôle de leur parcours. En second lieu, c’est le rapport au travail entretenu par les jeunes sur la base de leurs expériences qui est mis en lumière. Enfin, dans une troisième partie de ce rapport, c’est le point de vue des agents de l’action publique sur leur intervention qui est convoqué. Chacun de ces trois niveaux d’analyse est à son tour éclairé à un triple niveau, :celui des dynamiques sociétales, des expériences individuelles des jeunes et des opérateurs de l’action publique chargés de les accompagner.
Parmi les principaux constats qui émergent de cette étude, on soulignera que les vulnérabilités apparaissent séquentielles et circonscrites davantage à une ou des phase(s) de la vie et à une série de facteurs qu’à un état stable dans le temps. La notion d’agentivité se dégage ainsi comme une dynamique réparatrice autour de trois champs de force que représentent l’autoréflexivité, l’accumulation d’expériences positives et le regard des autres. Au chapitre du rapport au travail, sa centralité pour les jeunes apparaît fortement marquée mais imprégnée d’une vision ambivalente, car souvent vécue comme exogène et relevant d’une obligation instrumentale autant que morale. À l’opposé, l’inactivité apparaît majoritairement subie et rejetée. Enfin, concernant l’action publique en direction des jeunes, ce sont clairement la bienveillance et l’approche globale des jeunes qui demeurent cardinales. Il faut également rappeler que l’action des conseillers est encadrée et évaluée, quand elle n’est pas minutée. Émerge alors avec force la question de la marge de manœuvre que ces derniers peuvent s’aménager dans cet univers managérial. Ils tendent à y jouer le rôle de boussoles prescriptives dans un contexte où la formulation des normes et des instruments d’action publique leur échappe tout comme aux jeunes français et québécois.
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