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Agir sur le non-recours des jeunes en rupture de logement

Apports et limites d’un dispositif de lutte contre le non-recours


À partir d’un exemple de dispositif de lutte contre le non-recours mis en œuvre par un centre communal d’action sociale (CCAS), le présent rapport met en lumière les effets d’une action publique centrée sur l’aide à l’hébergement dont l’objectif est d’intervenir en prévention ou en soutien des ruptures de parcours des jeunes âgés de 18 à 25 ans. C’est parce que ce dispositif joue un rôle pionnier en matière de lutte contre le non-recours des jeunes qu’il est intéressant de l’étudier, à la fois pour ce qu’il fait aux parcours des jeunes bénéficiaires mais aussi pour ce qu’il fait aux pratiques professionnelles.

La présentation détaillée de quatre parcours de jeunes ayant bénéficié du dispositif permet de rendre compte des situations de précarité vécues, puis d’éclairer l’importance du logement dans les processus d’autonomisation, en montrant notamment de quelle façon la précarité résidentielle déstabilise les parcours d’insertion.

Ce rapport étudie également les apports et les limites du dispositif du point de vue des jeunes et des professionnels, en montrant de quelle façon le dispositif agit sur le non-recours. Les professionnels comme les jeunes mettent en évidence les effets de sécurisation des parcours d’insertion du dispositif lorsqu’il permet de faciliter l’accès rapide à un hébergement temporaire pour les personnes en situation d’urgence, soulignant au passage combien la lutte contre la précarité résidentielle est une clé importante de l’insertion socioprofessionnelle. Les professionnels valorisent quant à eux la dynamique partenariale et professionnelle alimentée par le dispositif. De leur point de vue, les principales limites du dispositif sont le ralentissement de la montée en charge consécutif au choix de limiter le nombre de nouvelles situations étudiées, les risques qui en découlent en termes de saturation du dispositif et de présélection des demandes par les professionnels, le rétrécissement de la focale de ciblage autour des jeunes engagés dans une dynamique d’insertion.

En raison de la perception du caractère indispensable et décisif de l’intervention du dispositif sur leur parcours, les jeunes affirment n’avoir quasiment aucune critique à formuler. Une analyse plus globale du dispositif sous l’angle du non-recours montre cependant qu’en l’état des moyens et des modes de fonctionnement, le dispositif est lui-même rattrapé par certaines logiques de non-recours. La principale problématique concernant l’avenir de ce dispositif expérimental renvoie au risque de faciliter l’accès aux droits pour quelques dizaines de jeunes chaque année, alors que de nombreux autres continuent de subir les limites et les défaillances du droit commun.