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« Classes et lycées engagés » : diversité renforcée, souhaits d’engagement moins marqués

SERVICE NATIONAL UNIVERSEL (SNU)


Près de 50 000 jeunes de 15 à 17 ans ont participé entre février et juillet 2024 à un séjour de cohésion du Service national universel (SNU). Cette année, pour la première fois, un quart des participants ont réalisé ces séjours sur le temps scolaire dans le cadre des « classes et lycées engagés » (CLE). Ceux‑ci sont davantage représentatifs de leur classe d’âge que les participants des séjours hors temps scolaire, avec 43 % issus de filières professionnelles. Près de neuf participants CLE sur dix se déclarent satisfaits de leur séjour, la part de « très satisfaits » étant cependant moindre que chez les jeunes participants hors temps scolaire (HTS). Un peu plus de la moitié souhaitent poursuivre vers les autres formes d’engagement proposées dans le cadre du SNU, contre les trois quarts des participants hors temps scolaire.


« Classes et lycées engagés » : diversité renforcée, souhaits d’engagement moins marqués

SERVICE NATIONAL UNIVERSEL (SNU)

Près de 50 000 jeunes de 15 à 17 ans ont participé entre février et juillet 2024 à un séjour de cohésion du Service national universel (SNU). Cette année, pour la première fois, un quart des participants ont réalisé ces séjours sur le temps scolaire dans le cadre des « classes et lycées engagés » (CLE). Ceux‑ci sont davantage représentatifs de leur classe d’âge que les participants des séjours hors temps scolaire, avec 43 % issus de filières professionnelles. Près de neuf participants CLE sur dix se déclarent satisfaits de leur séjour, la part de « très satisfaits » étant cependant moindre que chez les jeunes participants hors temps scolaire (HTS). Un peu plus de la moitié souhaitent poursuivre vers les autres formes d’engagement proposées dans le cadre du SNU, contre les trois quarts des participants hors temps scolaire.

Entre février et juillet 2024, environ 50 000 jeunes ont participé à un séjour de cohésion de douze jours dans le cadre du SNU : 38 000 participants (soit 76 %) en suivant le format initial des séjours individuels hors temps scolaire (HTS), et 12 000 (24 %) dans le cadre du nouveau programme des « classes et lycées engagés » (CLE), sur le temps scolaire [encadré « Repères »]. En outre, depuis cette année, les séjours de cohésion s’inscrivent dans une « coloration » correspondant à quatre grandes thématiques : « Défense et Mémoire », « Environnement », « Sports et Jeux olympiques et paralympiques », « Résilience et prévention des risques » [encadré « Zoom sur… »]. Qu’induisent ces nouveautés en termes d’expérience des séjours ? Existe-t-il des différences entre les séjours CLE et les séjours individuels HTS ? Autant de questions auxquelles permet de répondre l’enquête quantitative menée auprès des participants aux séjours de cohésion pilotée par l’INJEP [encadré « Source »].

Les participants aux CLE plus représentatifs de leur classe d’âge que ceux des séjours individuels

Les séjours HTS reposent sur une démarche en grande partie « proactive » de la part du jeune (ou de sa famille), qui s’inscrit via le site internet du SNU pour y participer. Pour les élèves des CLE, les séjours de cohésion s’inscrivent dans le projet de classe, mais la participation demeure facultative : seul un tiers des participants déclarent que l’ensemble de leur classe a réalisé le séjour, et 55 % des jeunes inscrits en classes et lycées engagés au début de l’année ont participé au séjour.

Pour autant, 17 % des participants CLE déclarent avoir été obligés de participer au séjour, pour neuf sur dix par un enseignant ou un membre de l’établissement scolaire, contre 9 % pour les jeunes des séjours individuels (l’imposition vient alors de la famille dans la quasi-totalité des cas). Le taux d’interruption du séjour pour abandon ou exclusion est également plus élevé parmi les participants des séjours CLE (6 % contre 2 % pour les séjours individuels).

Repères

Les classes et lycées engagés

Depuis la rentrée 2023, un nouveau label « classes et lycées engagés » accompagne les établissements qui souhaitent favoriser l’engagement de leurs élèves. La labellisation s’appuie sur un projet pédagogique annuel s’inscrivant dans les enseignements et les actions éducatives quotidiennes des lycées, notamment au travers de l’enseignement moral et civique et de l’éducation à la citoyenneté. Le projet doit s’inscrire dans une des quatre colorations possibles du SNU : « Défense et Mémoire » ; « Sport et Jeux olympiques et paralympiques » ; « Environnement » ; « Résilience et prévention des risques ». Enfin, le projet pédagogique des CLE intègre la participation à un séjour de cohésion du SNU sur le temps scolaire, dont une partie des activités est articulée avec la coloration choisie.

Cette labellisation concerne les élèves de seconde et de première année de CAP. Les élèves de 530 établissements scolaires ont réalisé des séjours CLE : 180 (34 %) étaient des lycées polyvalents, 176 (33 %) des lycées généraux et technologiques, 155 (29 %) des lycées professionnels. De façon plus marginale, on dénombre également 10 lycées agricoles ou militaires, 8 établissements régionaux d’enseignement adapté (EREA) et un collège.

Alors que les analyses des années précédentes mettaient en évidence un léger déséquilibre de participation en faveur des filles [1], on observe au premier semestre 2024 une quasi-parité parmi les jeunes réalisant le SNU, les garçons étant légèrement plus nombreux à participer aux séjours dans le cadre des CLE (53 % de garçons) [tableau 1]. Par ailleurs, les participants CLE, quasiment tous scolarisés en seconde ou en première année de CAP, sont logiquement plus jeunes que ceux des séjours individuels : 57 % des jeunes ont 15 ans ou moins contre 48 % des participants aux séjours individuels. Les participants aux séjours CLE sont beaucoup plus souvent issus de lycées professionnels (43 %) que lors des séjours individuels (15 %), une proportion supérieure à celle observée parmi les jeunes de 15-17 ans scolarisés à la rentrée 2021-2022 (29 %) [2]. Comme pour les éditions précédentes, les participants des séjours individuels sont très majoritairement scolarisés en voie générale et technologique (85 %).

Parmi l’ensemble des participants aux séjours, 6 % résident en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), contre 8 % des 15-17 ans au niveau national. Les participants des séjours CLE sont plus souvent originaires des QPV que les participants de séjours individuels (7 % contre 5 %). Les différences se creusent quand on examine l’origine géographique au sein des centres : 28 % des centres CLE accueillent des participants dont plus de 10 % sont originaires de QPV, contre 15 % des centres HTS. À l’inverse, les participants originaires de QPV sont très minoritaires (moins de 3 %) dans 38 % des centres HTS, contre 25 % des centres CLE. L’origine géographique des jeunes varie également fortement d’un centre CLE à l’autre : un quart accueille moins de 3 % de jeunes issus de QPV, alors qu’un autre quart en accueille 10 % ou plus.

Un participant CLE sur deux « très satisfait », contre deux tiers en séjours individuels

Globalement, la satisfaction à l’issue des séjours demeure, comme lors des éditions précédentes, élevée : 94 % des participants se déclarent satisfaits (95 % pour les séjours HTS et 89 % pour les séjours CLE).

Au total, 62 % se déclarent « très satisfaits », mais ce taux varie fortement selon la démarche volontaire ou non de participer au séjour : il atteint 64 % pour les volontaires, contre 38 % pour les non-volontaires, soit un écart de 16 points (à autres caractéristiques équivalentes, cet écart atteindrait 23 points [tableau 2]). Les filles, les plus jeunes, les « bons élèves » et ceux n’ayant pas vécu d’autre expérience de vie en collectivité (colonies de vacances, internat, etc.) sont plus souvent « très satisfaits » de leur séjour, comme les années précédentes.

Cependant, le parcours du participant (CLE ou HTS) est aussi un fort déterminant de la satisfaction. En effet, 50 % des participants CLE se disent très satisfaits alors que c’est le cas de 65 % des participants HTS [tableau 2].

Les mêmes activités sont appréciées, bien qu’à des niveaux moindres pour les CLE

Les séjours sont organisés en modules thématiques identiques pour les CLE et les HTS. Les modules estimés les plus intéressants par les participants sont les activités physiques, sportives et de cohésion (69 % de « très intéressés »), le module Autodéfense (61 %) et le module Défense et mémoire (45 %). Les participants des CLE sont généralement moins nombreux à juger très intéressants les modules proposés, avec un écart de 5 et 10 points selon les modules (à l’exception des modules Prévention et secours civiques niveau 1 [PSC1], Sécurité intérieure et Développement durable) [figure 1]. De plus, 42 % des jeunes estiment qu’il n’y a pas assez de sport durant le séjour.

Parmi les nouvelles activités introduites cette année, celle permettant de valider la formation PSC1 est fortement appréciée par les participants, 51 % la jugeant très intéressante. En revanche, le rallye de synthèse, durant lequel les jeunes sont mis en situation et mobilisent collectivement les compétences acquises durant le séjour, suscite une adhésion moindre, seulement 39 % des participants l’ayant trouvé très intéressant, les insatisfaits pointant notamment des difficultés d’organisation.

Comme lors des éditions précédentes, le module relatif au développement durable est de loin celui qui intéresse le moins les participants (19 % le jugent « très intéressant »), les insatisfaits le jugeant notamment trop proche des contenus scolaires.

Source

L’évaluation du SNU menée par l’INJEP


Dès 2019, l’INJEP a été mandaté pour réaliser l’évaluation du Service national universel. Le dispositif d’évaluation est basé sur des enquêtes qualitatives et quantitatives et sur l’analyse des données issues du système d’information de la délégation générale au SNU (DGSNU). Ces dernières permettent de connaître les effectifs, les profils des participants ainsi que les niveaux de désistement et d’interruption des séjours. Afin de mieux comprendre la façon dont les participants vivent leur séjour de cohésion, une enquête post-séjour auprès de l’ensemble des participants est menée par l’INJEP. Les résultats présentés ici portent spécifiquement sur les participants aux séjours de cohésion réalisés entre février et juillet 2024 (56 % ont répondu au questionnaire). Ils sont détaillés dans un rapport présentant l’ensemble des résultats de l’enquête, disponible en ligne sur le site de l’INJEP [5].

Davantage de jeunes insatisfaits des uniformes et rites républicains lors des séjours CLE

Parmi les participants aux séjours CLE, 19 % se disent non-satisfaits des uniformes, contre 13 % des jeunes des séjours individuels. Ils sont également 20 % à estimer qu’il y a trop de temps accordé aux levées des couleurs et à la Marseillaise contre seulement 10 % des jeunes de séjours individuels.

Différents points restent systématiquement mis en avant par les jeunes comme des éléments à améliorer depuis les premiers séjours de 2019 [3]. Ainsi, 25 % des participants se déclarent non-satisfaits de l’emploi du temps et de l’organisation des journées lors des séjours CLE, et 17 % lors des séjours individuels. Ils jugent bien souvent les journées trop chargées : 42 % de l’ensemble des jeunes considèrent que les temps de pause sont insuffisants, et 44 % que le temps prévu pour le sommeil l’est également.

Zoom sur

Les colorations des séjours

Les séjours de cohésion (HTS et CLE), d’une douzaine de jours, reposent sur un tronc commun et le choix d’une coloration parmi les quatre possibles : « Défense et Mémoire », « Environnement », « Sports et Jeux olympiques et paralympiques », « Résilience et prévention des risques ». Cette coloration fait en principe l’objet de trois journées dédiées autour d’activités spécifiques dans la seconde partie du séjour. Parmi les participants des séjours de cohésion, 37 % déclarent avoir suivi un séjour avec une coloration « Sport et Jeux olympiques et paralympiques », 33 % un séjour « Défense et Mémoire », 19 % un séjour « Environnement », et 11 % un séjour « Résilience et prévention des risques ».

12 % n’ont pas su caractériser la coloration de leur séjour de cohésion. C’est principalement le cas des participants aux séjours individuels (14 % n’ont pas su en identifier la coloration). Les participants des séjours CLE savent plus souvent nommer la coloration de leur séjour (seuls 6 % ne la connaissent pas) car dans la grande majorité des cas (77 %), la coloration du séjour et la coloration des projets pédagogiques des CLE sont identiques. Les jeunes qui ne caractérisent pas la coloration de leur séjour sont également ceux qui sont le moins satisfaits [tableau, en ligne].

Les participants des CLE souhaitent moins réaliser la phase d’engagement

Le SNU prévoit, à l’issue du séjour de cohésion, de proposer aux jeunes de participer à une « phase d’engagement », qui peut prendre des formes variées : « mission d’intérêt général » effectuée dans une association, un « corps en uniforme » ou un autre organisme public, service civique, volontariat ou bénévolat associatif, réserve civique ou militaire…

Plus de 79 % des participants volontaires aux séjours individuels souhaitent réaliser cette phase d’engagement, le plus souvent dans le secteur des armées, de la police ou de la gendarmerie [tableau 4, en ligne]. Par ailleurs, 43 % des participants volontaires aux séjours individuels souhaitent s’orienter vers les métiers des corps en uniforme. Le SNU demeure ainsi mobilisé par certains jeunes comme première étape d’une trajectoire professionnelle orientée vers les corps en uniforme [4]. Un peu plus de la moitié des participants CLE déclarent vouloir réaliser la phase d’engagement (56 %) [tableau 5, en ligne].

Moins nombreux que les jeunes en séjours HTS à vouloir s’orienter vers les corps en uniforme, les jeunes des CLE approuvent toutefois majoritairement cette forme d’engagement, notamment parce que la labellisation CLE peut s’appuyer sur des dispositifs existants, comme les classes défense et sécurité globale, les cadets de la défense ou les cadets de la gendarmerie, qui représentent un tiers des établissements engagés dans le label des CLE en 2024.

Sources bibliographiques

  • [1] Venet T., James S., « Les jeunes participant aux séjours de cohésion en 2023 », INJEP fiches Repères, 2023.
  • [2] DEPP, Repères et références statistiques, www.education.gouv.fr, 2024.
  • [3] Francou Q., James S., « Évaluation de la préfiguration du Service national universel. Premiers Résultats issus de l’enquête quantitative auprès des volontaires », INJEP analyses & synthèses, no 27, 2019.
  • [4] Venet T., James S., Bouquignaud E., Defasy A., Leplaideur M., « Le Service national universel un an après : enquêtes auprès des jeunes de 2021 », INJEP notes & rapports/Rapport d’étude, 2023.
  • [5] Leray A., Quetier Parent S., Zumsteeg S., « Enquête sur les séjours de cohésion du SNU. Résultats des enquêtes menées auprès des participants aux séjours de cohésion du Service national universel de février à juillet 2024 », INJEP rapport d’enquête, 2024.