Introduction : Le droit des jeunes existe-t-il ? Les enjeux du traitement de la jeunesse dans et par le droit
Marie Dumollard, Léa Lima
La faible visibilité juridique de la discrimination dans l’emploi fondée sur le jeune âge
Marie Mercat-Bruns, Aurélie Pallares Castany
La logique initiale du droit du travail était de prendre en compte la vulnérabilité des jeunes travailleurs. Pourtant, aujourd’hui, les mesures visibles pour les jeunes ne sont pas seulement conçues dans leur intérêt. Elles cherchent à promouvoir l’emploi et la formation, mais leur régime est ambivalent, plaçant les jeunes en dehors du droit commun du travail. Le discours sur le partage de l’emploi entre générations, l’exigence de formation des jeunes et la lutte contre leur faible employabilité occultent les discriminations directes et indirectes fondées sur l’âge, encore peu dénoncées.
Ne pas se sentir concerné par ses droits
Une analyse du non-recours dans les parcours sociaux juvéniles
Benjamin Vial
Cette contribution s’intéresse au phénomène du non-recours aux droits et services chez les jeunes. Le fait de ne pas se sentir concerné par des droits sociaux et de l’offre publique d’insertion est une raison majeure et première du non-recours à la mission locale. Les formes passives et actives du non-concernement renvoient à trois dimensions : la sensibilité à l’information, la perception d’un intérêt au recours, le rapport à la demande. L’analyse du non-recours souligne certains décalages entre les dispositions, besoins et attentes des jeunes et la réponse publique qui leur est adressée.
Les associations d’anciens placés : des intermédiaires dans l’accès aux droits sociaux des jeunes sortant de la protection de l’enfance ?
Isabelle Lacroix
Cet article étudie le travail d’entraide que réalisent les associations d’anciens placés par la protection de l’enfance pour briser les effets des seuils d’âge sur la transition vers l’âge adulte des jeunes sortant de placement. S’appuyant sur des entretiens auprès de jeunes et de membres plus âgés engagés dans ces associations, sur le recueil d’archives et sur des observations d’évènements, il montre qu’en œuvrant à la socialisation juridique de leurs pairs, les anciens placés tentent de garantir un meilleur accès aux droits sociaux et de pallier les insuffisances de ces derniers par la mise en œuvre d’aides complémentaires.
Les rapports d’âge dans les pratiques judiciaires
L’expérience institutionnelle des jeunes filles confrontées à la justice
Marc Bessin, Arthur Vuattoux
L’âge constitue un objet d’étude pour la sociologie, il est aussi un révélateur de la manière dont la discipline se saisit des institutions. Plusieurs conceptions de l’âge peuvent être mises en évidence, comme celle qui consiste à qualifier de manière homogène la jeunesse via des attributs tels que la vulnérabilité, en réifiant au passage la catégorie administrative. Une autre conception, plus pragmatique, s’interroge sur les âges situés et la variabilité dans les rapports d’âge (entre jeunes et dans le rapport entre jeunes et adultes). L’exemple de la justice des mineurs et du traitement réservé à son public minoritaire, les adolescentes, permet de développer une analyse contextuelle des rapports d’âge qui, en outre, montre la nécessité de penser l’âge en relation avec d’autres rapports de pouvoir, liés aux dynamiques de genre, de classe et de race.
Minorité et seuils d’âge légaux
Synthèse réalisée par Patricia Servant
Cette synthèse présente les différents seuils d’âge légaux fixés dans différentes branches du droit français : le droit du travail, le droit civil et le droit pénal. Elle rappelle ainsi que le recours aux seuils d’âge légaux vise à la fois à protéger l’enfant qui n’a pas atteint le seuil défini légalement, tout en permettant au mineur qui l’atteint d’accéder progressivement à son statut de majeur en lui conférant de nouveaux droits.
Devenir un enfant en danger, épreuves d’âge et de statut
Le cas « limite » des mineurs isolés étrangers en France
Adeline Perrot
Partant d’une ethnographie sur la définition publique de la catégorie de « mineurs isolés étrangers» en France, l’auteure cherche à éclairer les logiques d’assignation autour de la frontière entre minorité et majorité. Face à ces deux régimes juridiques aux issues contrastées, les opérateurs de jugement et les mijeurs s’inscrivent dans la réalisation d’une limite d’âge difficilement saisissable. L’article fait apparaître les normes relatives à la protection de l’enfance et à la place accordée aux enfants dans la société, par leur opposition naturalisée au monde adulte.
Passage à l’âge adulte et sentiments d’injustice
Thomas Amadieu, Cécile Clément
Cet article se propose d’étudier le lien entre les sentiments d’injustice relatifs à la société française des jeunes Français âgés de 18 à 30 ans et les injustices éventuellement vécues lors du passage à l’âge adulte. Les résultats présentés ici s’appuient sur l’analyse croisée d’une enquête par questionnaire auprès de 4 000 personnes et de 40 entretiens biographiques. Il y apparaît que l’entrée dans la vie adulte – en particulier la confrontation au monde du travail – est associée à une montée du sentiment d’injustice. Mais les sentiments d’injustice macrosociaux ne sont pas le décalque systématique des injustices vécues personnellement : ils résultent aussi d’un effort d’articulation entre des principes de justice communément partagés et une évaluation informée des inégalités observées.
Pour un usage sociologique du dessin
Réflexion méthodologique à partir d’une étude de cas
Julie Couronné
L’auteure restitue un entretien « improvisé » mené auprès d’Abdou, un collégien cumulant les stigmates dans le milieu scolaire. Cet entretien a la particularité d’avoir été conduit en réalisant un dessin. Alors que l’emploi du dessin revient traditionnellement à la psychiatrie et à la psychanalyse, cet article propose une réflexion méthodologique sur l’usage du dessin en sociologie, et interroge les effets sur la relation d’enquête. Le dessin est présenté ici comme un outil efficace pour accéder aux représentations et aux pratiques sociales d’un enfant surexposé aux préjugés, car il limite les effets de la violence symbolique instaurée par la situation d’entretien « classique ».
Identités de genre et consommation d’alcool
L’évolution des pratiques festives juvéniles à travers les générations
Christophe Pecqueur, Christophe Moreau, Gilles Droniou
Les façons de boire et de faire la fête des jeunes ont fortement changé en l’espace de trois générations. À mesure que les formes traditionnelles du contrôle social perdent de l’influence, l’alcool et l’ivresse occupent une place de plus en plus centrale dans les représentations et les pratiques des jeunes, qui s’en servent pour alimenter leurs sociabilités, ce qui a pour effet de les distinguer des autres classes d’âge. Toutefois, bien que les normes de genre aient évolué, laissant davantage de liberté aux jeunes filles, la pratique de l’ivresse s’accompagne du renforcement de certains stéréotypes de genre, marquant la persistance d’une domination masculine.
Atlas national des fédérations sportives 2019 Hors collection
Jeunes, religions et spiritualités Agora débats / jeunesses
Jeunes et santé mentale : ressources et appropriations Agora débats / jeunesses
Les études… et à côté ? Les modes de vie des étudiant·e·s Agora débats / jeunesses