Pour la plupart des jeunes, Internet est devenu le lieu le plus évident de la recherche d’informations sur la santé et la sexualité, du fait des possibilités offertes par les technologies, de leur accessibilité, et de la nature des contenus disponibles. L’INJEP, en partenariat avec la chaire de recherche sur la jeunesse de l’EHESP, a mené une enquête pendant un an auprès de jeunes adultes vivant en France métropolitaine. Les résultats mettent en lumière la place qu’occupe Internet dans des domaines aussi divers que les recherches d’informations sur la sexualité ou le visionnage de la pornographie, et montrent l’importance de replacer les usages dans leur contexte, celui de l’expérience adolescente de la sexualité, et plus généralement de la construction sociale de l’intimité.
Enjeux sociaux des usages sexuels d’Internet
Pour la plupart des jeunes, Internet est devenu le lieu le plus évident de la recherche d’informations sur la santé et la sexualité, du fait des possibilités offertes par les technologies, de leur accessibilité, et de la nature des contenus disponibles. L’INJEP, en partenariat avec la chaire de recherche sur la jeunesse de l’EHESP, a mené une enquête pendant un an auprès de jeunes adultes vivant en France métropolitaine. Les résultats mettent en lumière la place qu’occupe Internet dans des domaines aussi divers que les recherches d’informations sur la sexualité ou le visionnage de la pornographie, et montrent l’importance de replacer les usages dans leur contexte, celui de l’expérience adolescente de la sexualité, et plus généralement de la construction sociale de l’intimité.
À l’adolescence, les usages sexuels d’Internet tendent avant tout à développer le pôle intime et individuel de la sexualité – la découverte de son corps, celle de son orientation sexuelle ou de son identité de genre – plutôt que la sexualité dans une perspective relationnelle (rencontres, construction ou maintien des relations, ou encore pratiques sexuelles, etc.). L’analyse de ces usages à partir d’entretiens menés auprès de jeunes montre qu’Internet contribue à la socialisation sexuelle pendant l’adolescence, à la fois à travers les informations disponibles et les supports de découverte des corps, des pratiques et des sexualités, mais également comme vecteur de diffusion des normes sociales. Cette enquête s’inscrit dans une volonté de faire de l’« Internet sexuel » un sujet d’études légitime (Vörös, 2015) prenant pour objet tant les usages que les discours tenus sur ces usages, par les jeunes eux-mêmes, par les adultes, par celles et ceux qui les considèrent comme un péril social.
En effet, le contexte social et politique actuel est marqué par une forte désapprobation sociale vis-à-vis des pratiques numériques des jeunes (Balleys, 2017), et une faible légitimité des jeunes à expérimenter ou même à s’informer sur la sexualité hors du cadre institutionnel (celui de l’éducation à la sexualité en milieu scolaire). Cela s’explique en partie par des représentations adultes que l’on peut qualifier de « panique morale » (Cohen, 1972), au sens où les pratiques des jeunes constitueraient une menace pour la société, ses valeurs, ses intérêts. Les pratiques numériques des jeunes prennent une grande importance dans les débats de société et les données disponibles sur la sexualité, les jeunes et Internet sont principalement issues de sondages qui s’intéressent avant tout à l’éventuelle influence de la pornographie sur leurs comportements, oubliant au passage tous les autres usages.
Pourtant, l’enquête montre qu’à l’adolescence, et dans les années qui suivent, les usages d’Internet en lien avec la sexualité sont pluriels : recherche d’informations (sur la santé sexuelle et le fonctionnement biologique des corps, les relations interpersonnelles, l’orientation sexuelle, les pratiques sexuelles ou encore sur le désir et le plaisir), socialisation sexuelle (discussions « sexuelles » ou sur la sexualité) ou encore pornographie (visionnage, essentiellement), pour ne citer que les principaux usages mentionnés par les jeunes. Cet article porte plus particulièrement sur les déterminants sociaux des usages sexuels d’Internet et des conditions même de ces usages : au fil de l’adolescence on observe des usages différenciés en lien avec l’expérimentation de la sexualité et la construction sociale des rapports de genre. La protection de l’anonymat (réel ou supposé), supposément garantie par Internet, est une question centrale pour rendre compte des usages et de leurs justifications.
Méthodologie
L’enquête SEXI
L’enquête SEXI (pour « SEXualité, Internet ») repose sur un dispositif méthodologique original comprenant un questionnaire (voir encadré « Comprendre » p. 3) et une enquête qualitative, ainsi que l’observation de sites et applications mentionnés par les jeunes.
Au total, 35 entretiens individuels et 5 focus groups (entretiens collectifs) ont été menés au cours de l’année 2017-2018 auprès de 66 jeunes âgés de 18 à 25 ans (32 garçons et 34 filles), vivant en France métropolitaine, surtout issus des classes intermédiaires. Ils et elles sont majoritairement en étude (au lycée général, professionnel ou technologique, à l’université ou dans des filières professionnalisantes du supérieur), les autres étant travailleurs ou en recherche d’emploi. Parmi les jeunes rencontrés en entretien individuel, 8 ont eu leur premier rapport sexuel à 15 ans ou avant, 17 ont eu leur première expérience entre 16 et 17 ans, et 5 à 18 ans ou plus. Soulignons que 5 déclarent n’avoir jamais eu de rapport sexuel. La quasi-totalité d’entre eux dispose d’un smartphone avec un accès à Internet.
Ces entretiens visaient à étudier, à partir des conditions d’existence, la biographie sexuelle et affective (démarche rétrospective), la socialisation/l’apprentissage de la sexualité (information par les pairs, par les institutions, pratiques) et les usages d’Internet (généraux, et en matière de sexualité).
Lors des entretiens avec les jeunes, nous avons à la fois évoqué la sexualité des jeunes et son contexte en lien avec leurs usages d’Internet, et plus largement leur vie affective, amicale et sexuelle, sans oublier d’interroger leur rapport aux normes de genre et de sexualité, ainsi que leurs conditions de vie.
Déterminants sociaux et transformations des usages au fil de l’âge
Les enquêtes en sciences sociales montrent que les inégalités entre jeunes face à Internet ne se posent pas en termes d’accès (la quasi-totalité des 18-24 ans possède un smartphone), mais en termes d’usages, c’est-à-dire en fonction des manières de faire d’Internet une ressource, de diversification des canaux d’information et/ou de communication. Elles mettent ainsi en évidence l’existence de fortes disparités intragénérationnelles.
Car si les inégalités économiques et de socialisation familiale peuvent expliquer en partie la diversité des usages, les origines sociales des jeunes ne constituent pas le seul déterminant pour comprendre l’usage ou non d’Internet en lien avec la sexualité. Concernant la recherche d’informations sur la sexualité, le niveau et l’orientation scolaires jouent un rôle important, et l’analyse des usages souligne le rôle de l’avancée en âge et de l’expérience sexuelle, comme celle du groupe de pairs, dans la variation des pratiques.
Dans les premiers temps de l’adolescence – symbolisés par les années collège –, les usages sexuels d’Internet sont d’abord de l’ordre de la découverte générale du corps et de la sexualité (anatomie des deux sexes, fonctionnement biologique des corps, etc.), mais aussi des loisirs (le registre est récréatif et/ou humoristique).
Chez les jeunes, surtout chez les adolescents, le fait d’avoir un espace à soi (une chambre à soi, le plus souvent) apparaît comme une condition importante du développement de leur intimité liée aux usages d’Internet : qu’il s’agisse d’accéder à des contenus « sexuels » (séquences « gênantes » dans les films ou séries qu’ils regardent, pornographie), de discuter en ligne de questions intimes avec leurs pairs, ou d’effectuer des recherches sur Internet en lien avec la sexualité. Toutefois, si la chambre est un espace d’expérimentation (Glévarec, 2009 ; Ramos, 2002), elle a perdu de son importance dans la définition de l’espace intime pour les 18-22 ans. La généralisation des smartphones a permis le développement d’un espace intime dématérialisé, où peuvent être stockés des éléments d’intimité, similaires au journal intime (boyd, 2016). La question du matériel auquel les adolescents ont accès, au caractère personnel et privé, ou non, devient donc centrale pour permettre le développement d’une intimité en ligne, concernant la sexualité et plus largement la sociabilité juvénile.
Avec l’avancée en âge et l’expérience de la sexualité, les recherches et les raisons d’utiliser Internet en lien avec la sexualité vont se spécifier. Au fil des années (notamment des années « lycée » et suivantes), les usages deviennent souvent plus « experts » et plus « précis », amenant les jeunes à mettre en place des mécanismes de sélection de l’information et des sources, à « spécialiser » leur visionnage de la pornographie. L’entrée dans l’âge adulte est marquée par une plus grande maîtrise de l’identité numérique et un contrôle plus fort de ce qu’ils et elles exposent d’eux-mêmes sur les médias sociaux.
Filles et garçons s’accordent sur l’importance de la vigilance vis-à-vis des informations personnelles, y compris les photos et vidéos qui peuvent être diffusées sur Internet. Ils et elles « croient souvent que leur public est constitué par ceux qu’ils ont choisis comme “amis” ou qu’ils “suivent”, indépendamment de ceux qui peuvent en réalité consulter également leur profil » (boyd, 2016, p. 90). L’enquête montre que c’est surtout à la fin des années de lycée que se mettent en place réellement des techniques de protection : ne pas prendre son visage dans le cadre de contenus intimes pour limiter la reconnaissance, limiter autant que possible les photos intimes.
Comprendre
Internet : une ressource pour les jeunes en matière d’information sur la sexualité
Un volet de l’enquête a consisté en la diffusion d’un questionnaire en ligne entre décembre 2017 et février 2018, destiné aux personnes âgées de 18 à 30 ans, portant sur les usages d’Internet en matière de sexualité. Bien que les jeunes qui ont répondu à cette enquête ne soient pas représentatifs de l’ensemble des jeunes, leurs réponses permettent de faire apparaître des tendances. Ainsi, sur les 1 427 jeunes qui ont répondu à l’ensemble du questionnaire, 65 % sont des femmes, 30 % des répondants sont âgés de 18 à 21 ans (âge médian : 24 ans), 48 % sont en étude et 40 % ont atteint un niveau bac +2 ; 26 % ont un niveau bac ou inférieur. Enfin, ils et elles sont 40 % à déclarer avoir un père cadre (27 % déclarent une mère cadre) et 35 % un père ouvrier/employé (autant pour la mère).
Les réponses au questionnaire permettent d’observer que la quasi-totalité des jeunes ayant répondu déclarent avoir déjà effectué une recherche d’information sur Internet autour de la sexualité. Parmi eux, 9 sur 10 déclarent avoir trouvé des réponses aux questions qu’ils se posaient. On constate que la grande majorité des jeunes ayant répondu déclare avoir déjà cherché de l’information sur Internet à propos des pratiques sexuelles (près de 80 %) et des organes sexuels (79 %). Par ailleurs, près de 8 jeunes femmes et 4 jeunes hommes sur 10 ont déjà consulté Internet pour des questions en lien avec les menstruations (des recherches qui augmentent avec l’âge, puisque cela concerne 67 % des 18-21 ans et 76 % des 25-27 ans enquêtés). Enfin, du côté des recherches sur Internet en matière de contraception, on constate que ce sont les femmes (89 % contre 71 % des hommes), les jeunes les plus diplômés, ceux se déclarant en couple et ceux vivant hors du domicile familial (colocation, logement indépendant, autre) qui sont les principaux concernés. On observe une tendance identique à propos des recherches relatives aux infections sexuellement transmissibles.
Des usages sexuels d’Internet révélateurs des rapports de genre
Au moment de l’entrée dans la sexualité, filles et garçons décrivent dans les entretiens les questions qu’ils se sont posé. Elles peuvent être d’ordre « technique » (Comment faire ? Qu’est-ce qu’il faut ou ne faut pas faire ?), liées à leur entrée dans la vie affective et sexuelle (en lien avec le désir et le plaisir) ou à une curiosité générale quant à l’anatomie, la sexualité (positions, pratiques, scénarios) ou l’orientation sexuelle (les questions sur l’identité sexuelle arrivant souvent plus tard, dans les années lycée voire après).
Les récits des usages sexuels d’Internet des filles et des garçons ne révèlent pas de grandes disparités au sein de leur génération ; on retrouve toutefois les scripts de genre et de sexualité (Gagnon, 2008), c’est-à-dire les schémas généraux de déroulement d’un acte sexuel, ainsi que les émotions ou toute autre interaction associée et correspondant à des représentations culturelles de la sexualité. Ces scripts participent à définir les conditions d’entrée dans la sexualité et contribuent à guider les interrogations des jeunes. Ainsi, on constate que filles et garçons orientent les recherches en fonction des attentes associées au genre et à la sexualité dans laquelle chacune et chacun vit ou se projette. Dans un contexte marqué par l’hétéronormativité, les garçons semblent, à l’adolescence, préoccupés par les normes de la sexualité masculine, associées à la performance et à l’anatomie du sexe masculin, quand les propos des filles illustrent davantage la préoccupation d’un rapport sexuel « préparé ». Leurs requêtes sur Internet se font en ce sens.
Les résultats de l’enquête soulignent également l’assignation des filles à la gestion « pratique » de la sexualité, notamment à la gestion de la contraception et des conséquences d’un rapport sexuel non ou mal protégé. Autrement dit, l’analyse des usages sexuels d’Internet à l’adolescence met en évidence que, dès l’entrée dans la sexualité, c’est sur les filles que repose la charge mentale de la gestion de la contraception.
L’anonymat comme opportunité : explorer de manière anonyme l’Internet sexuel
Les jeunes accèdent à des contenus sexuels en ligne avant tout parce qu’ils ont la certitude que leur démarche restera anonyme, qu’il s’agisse de s’informer ou d’accéder à des contenus dans un but de divertissement, par exemple. L’anonymat contribue aussi à se protéger dans l’accès à l’information ou à la pornographie, à garantir – en principe, tout au moins – le respect de sa vie privée et à prévenir des formes d’humiliation liées au fait de se poser des questions sur la sexualité, ou d’être catégorisé comme un spectateur de pornographie. Pour la plupart des jeunes rencontrés, la protection de l’identité dans le visionnage de contenus pornographiques va de soi, du fait du visionnage en streaming qui n’implique généralement pas de créer un compte ou de donner des informations personnelles.
Au-delà de l’anonymat au sens strict, l’enquête met en lumière combien Internet offre la possibilité d’expérimenter des identités plurielles et constitue alors une ressource singulière. Il s’agit de prendre des libertés avec les assignations sociales : se faire passer pour quelqu’un de plus âgé ou de l’autre sexe dans des discussions, parler de pratiques dont ils et elles ne parleraient pas en dehors de l’anonymat en ligne. En ce sens, Internet permet aux jeunes d’expérimenter une identité en ligne qui diffère de la manière dont ils sont identifiés par leurs proches. C’est par exemple le cas des filles qui regardent des films pornographiques mais qui n’ont pas la légitimité pour le dire dans leur entourage (l’interdiction morale de la pornographie pesant davantage sur les filles que sur les garçons).
À une période de vie où les contraintes sur le corps et l’identité sont fortes (le fait de ne pas vouloir ou de ne pas pouvoir entrer dans la sexualité relationnelle, le fait de ne pas pouvoir exprimer son identité souhaitée et de subir des assignations sexuelles ou genrées, etc.), ces usages sexuels d’Internet peuvent servir à « préparer » des changements identitaires, d’abord anonymes, puis éventuellement partagés avec les autres. Cela se retrouve dans les parcours de jeunes homo-, bi- ou transsexuels, mais aussi dans les parcours des jeunes ayant des pratiques non conformes avec leur milieu social ou familial.
Dans un contexte contraint par des normes sociales qui limitent ce qui est dicible autour de la sexualité, l’anonymat d’Internet peut se muer en lien communautaire (au sens où il définit une communauté d’utilisateurs) qui se développe via la participation à des forums de discussion généralistes, par exemple (forums qui peuvent parfois conduire à des rencontres « physiques »). L’anonymat est donc d’abord lié aux contraintes sociales qui pèsent sur la sexualité des jeunes, et il peut être levé lorsque les conditions sont réunies pour vivre sa sexualité comme on l’entend, en ligne ou hors ligne.
Des usages solitaires aux usages partagés
À travers la recherche d’informations sur la sexualité ou encore le visionnage de contenus pornographiques, on s’intéresse à ce qui, pour la plupart des jeunes rencontrés, demeure intime : ces usages ne sont partagés ni avec leurs pairs ni avec des adultes de leur entourage. L’enquête montre que la recherche d’informations sur la sexualité ne peut pas être partagée avec l’entourage si elle risque éventuellement d’exposer à des formes de désapprobation sociale concernant les thèmes recherchés (suites d’un rapport non protégé, questions relatives à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, etc.). Du côté de la pornographie, le partage de récits de pratiques dans le groupe de pairs est limité : les garçons peuvent se raconter leurs premiers visionnages de « pornos », tandis que ce n’est pas le cas des filles, pour qui le visionnage est bien moins accepté socialement (y compris par les pairs de même sexe).
Certains des jeunes rencontrés font état d’expériences, au sein du groupe de pairs, liées à la pornographie, mais cela demeure anecdotique et souvent cantonné aux premiers usages, à la curiosité ou au « délire » (en regarder pour rigoler), bien plus qu’à une activité sexuelle partagée. Plus tard (à la fin de l’adolescence) apparaîtront chez certains des usages relationnels d’Internet dans la sexualité : applications de rencontre, pornographie dans le couple, autant d’usages répandus chez les adultes, mais qui semblent ne concerner que marginalement les adolescents.
Sources bibliographiques
• Bajos N., Bozon M., Enquête sur la sexualité en France. Pratiques, genre et santé, Paris, La Découverte, 2008.
• boyd d., C’est compliqué. Les vies numériques des adolescents, Caen, C&F éditions, 2016.
• Balleys C., Socialisation adolescente et usages du numérique, revue de littérature, INJEP, 2017.
• Gagnon J., Les scripts de la sexualité. Essais sur les origines culturelles du désir, Paris, Payot, 2008.
• Glévarec H., La culture de la chambre. Préadolescence et culture contemporaine dans l’espace familial, La documentation française, 2009.
• Lahire B., La culture des individus, Paris, La Découverte, 2004.
• Seux C., « Les disparités sociales des usages d’Internet en santé », Réseaux, n° 208, 209 p. 63, 93, 2018.
• Vörös F. (dir.), Cultures pornographiques. Anthologie des porn studies, Paris, Amsterdam, 2015.
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