Les volontaires aux Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JP) de Paris 2024 avaient déjà bien souvent une solide expérience d’engagement associatif dans le monde sportif. Ces volontaires sont pour beaucoup diplômés de l’enseignement supérieur, avec une mobilisation particulièrement forte des Franciliens. Les différentes tranches d’âge et les femmes sont bien représentées, notamment du fait du processus de recrutement de Paris 2024. Au-delà de l’aspect exceptionnel de l’événement, leurs motivations se partagent entre passion du sport, notamment pour les volontaires des JO et les plus jeunes, et engagement altruiste, notamment pour ceux impliqués dans les JP et les plus âgés. En définitive, 97 % des volontaires se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur expérience et 70 % indiquent souhaiter se (ré)engager dans un club ou une association sportive dans l’année qui vient.
JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES
Les volontaires aux Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JP) de Paris 2024 avaient déjà bien souvent une solide expérience d’engagement associatif dans le monde sportif. Ces volontaires sont pour beaucoup diplômés de l’enseignement supérieur, avec une mobilisation particulièrement forte des Franciliens. Les différentes tranches d’âge et les femmes sont bien représentées, notamment du fait du processus de recrutement de Paris 2024. Au-delà de l’aspect exceptionnel de l’événement, leurs motivations se partagent entre passion du sport, notamment pour les volontaires des JO et les plus jeunes, et engagement altruiste, notamment pour ceux impliqués dans les JP et les plus âgés. En définitive, 97 % des volontaires se déclarent satisfaits ou très satisfaits de leur expérience et 70 % indiquent souhaiter se (ré)engager dans un club ou une association sportive dans l’année qui vient.
Qui sont les 36 700 volontaires résidant en France qui ont participé de façon bénévole aux Jeux olympiques et aux Jeux paralympiques [encadré « Zoom sur »] ? Quel est leur lien au volontariat et au bénévolat, au sport ? Quelles étaient leurs attentes ? Quelles étaient leurs missions et qu’en ont-ils pensé ? Quel impact cette expérience pourrait-elle avoir sur leur engagement dans les associations sportives et au-delà ? Mandaté pour enquêter sur les publics des JOP en France, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) a adressé aux volontaires de Paris 2024 un questionnaire pour mieux connaître leur profil, leur lien avec le sport et le bénévolat et recueillir leur vécu concernant cette expérience [encadré « Méthode »].
Objectif affiché du comité d’organisation des jeux Paris 2024, la parité femmes/hommes a été atteinte parmi les volontaires résidant en France ayant participé aux Jeux olympiques (51 % de femmes parmi les volontaires ayant participé aux JO uniquement, 50 % parmi ceux ayant participé aux JO et aux JP). Les volontaires ayant participé uniquement aux Jeux paralympiques étaient néanmoins plus souvent des hommes (44 % de femmes).
De même, du fait du processus de recrutement de Paris 2024, la répartition par âge est assez proche de celle de la population française. Toutefois, les plus jeunes apparaissent comme surreprésentés parmi les volontaires ayant participé seulement aux JO (35 % de 20-29 ans) alors qu’ils ont plus rarement été volontaires à la fois aux JO et aux JP. À l’inverse, ayant davantage participé aux deux événements, les plus âgés (60 ans ou plus), et donc les retraités, sont surreprésentés parmi les volontaires les plus mobilisés (38 %). Enfin, environ 4 % des volontaires sont en situation de handicap, contre 6 % des adultes en France [1].
De façon générale, les personnes qui se portent bénévoles sont plus diplômées que la moyenne des Français, notamment dans le domaine du sport [2], mais les volontaires de Paris 2024 le sont encore plus [graphique 1, p. 3]. En effet, 85 % ont un diplôme de l’enseignement supérieur (et 46 % un master ou un doctorat), alors que ce n’est le cas que de 56 % des bénévoles sportifs [2] et de 42 % de la population française [3]. C’est en partie le reflet de la forte présence des étudiants (16 %), ainsi que des professions intellectuelles et des cadres (29 %). Mais, y compris au sein d’une catégorie socioprofessionnelle donnée (par exemple les cadres), la part des plus diplômés est supérieure à ce qui est observé dans l’ensemble de la population.
Un peu plus de deux volontaires sur cinq (43 %) résident en Île-de-France, où s’est déroulée la majorité des épreuves. Plus souvent âgés de plus de 30 ans (71 % contre 65 % des volontaires résidant dans les autres régions), ces volontaires sont un peu plus souvent des femmes, en particulier lors des Jeux paralympiques (62 % franciliennes contre 54 % pour les volontaires des autres régions) et sont également encore plus qualifiés (52 % sont titulaires d’un diplôme de niveau master ou plus contre 42 % pour les autres volontaires français).
Du fait de la forte présence de volontaires franciliens, ainsi que de la répartition des sites olympiques sur le territoire français, seuls 15 % des volontaires français se sont logés en dehors de leur logement habituel ou n’ont pas pu bénéficier d’un logement gratuit. Deux tiers des volontaires affectés en dehors de leur département de résidence ont bénéficié d’un logement gratuit (67 %), mais 22 % ont dû payer pour leur hébergement, le reste ayant pu utiliser leur logement usuel ou trouver une autre solution.
Zoom sur
Le programme « volontaires » de Paris 2024
Le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 a recruté 42 800 volontaires pour soutenir le bon déroulement de cet événement majeur1 qui s’est déroulé du 26 juillet au 11 août puis du 28 août au 8 septembre 2024. Sur les 36 701 volontaires résidant en France, 30 927 ont participé aux Jeux olympiques et 15 188 aux Jeux paralympiques ; 9 414 ont participé aux deux. Depuis le milieu du xxe siècle, les volontaires ont en effet pris une part croissante dans l’organisation des grands événements sportifs, et notamment des Jeux olympiques et paralympiques. Le volontariat olympique est explicitement défini par le Comité international olympique (CIO) depuis les jeux de Barcelone en 1992 : « un volontaire est une personne qui s’engage de façon désintéressée à collaborer, au mieux de ses capacités, à l’organisation des Jeux olympiques, en accomplissant les tâches qui lui sont confiées sans contrepartie financière ni compensation d’aucune autre nature ». Par rapport à du bénévolat qui repose sur un engagement libre, le volontariat suppose qu’un contrat entre un volontaire et un organisme agréé définisse une mission et sa durée.
Le programme était ouvert aux personnes majeures au 1er janvier 2024 et disponibles au moins dix jours sur toute la durée des Jeux olympiques et/ou toute la durée des Jeux paralympiques.
Lors de leur candidature (de mars à mai 2023), les personnes ont répondu à des questions sur leur profil, leur disponibilité, leur motivation, leur lien avec le bénévolat, etc. Elles énonçaient également des souhaits de mission avant d’être choisies et affectées par Paris 2024. Les missions ont pu être ajustées durant les Jeux en fonction des besoins et des évolutions des plannings, par exemple en cas de report d’épreuves.
Dans leur ensemble, les volontaires des JOP de Paris 2024 ont un lien préalable très fort avec le sport, que cela soit par la pratique ou par un engagement dans ce domaine. En effet, 91 % des volontaires déclarent avoir pratiqué au moins une activité sportive (hors cours obligatoire) au cours des douze derniers mois, alors que cela n’est le cas que de 71 % de l’ensemble des 15 ans et plus [4] ; 14 % déclarent avoir déjà arbitré une compétition sportive.
Reflet du processus de sélection des volontaires par Paris 2024 qui valorisait les parcours d’engagement en lien avec le mouvement sportif, 58 % des volontaires déclarent être actuellement bénévoles dans une association sportive (au cours des douze derniers mois), et 30 % l’avoir déjà été dans le passé. C’est plus souvent le cas pour les volontaires des JO que pour ceux des JP. Or, seul un Français sur dix est bénévole dans une association sportive [2]. De plus, un volontaire sur trois (31 %) déclare avoir déjà participé, en tant que volontaire, à un grand événement sportif avant les jeux de Paris 2024. À titre de comparaison, lors de la Coupe du monde de rugby 2023 en France, 66 % des volontaires déclaraient qu’ils avaient déjà contribué à la tenue d’un précédent événement sportif ou culturel. Au sein des volontaires, les Franciliens se démarquent par des liens préalables moins forts avec le mouvement sportif. En effet, 32 % des volontaires franciliens déclarent avoir été bénévoles dans une association sportive au cours des douze derniers mois et 28 % avoir une expérience passée lors de grands événements sportifs, alors que c’est le cas de, respectivement, 51 % et 34 % des volontaires résidant dans les autres régions.
Si presque tous les volontaires expliquent avoir été motivés par l’aspect exceptionnel de l’événement (92 % déclarent s’être portés volontaires pour « saisir une opportunité unique, faire partie des coulisses d’un événement mondial »), ils se partagent néanmoins entre passionnés du sport d’un côté et personnes mues par des motivations plus altruistes de l’autre. Ainsi, parmi les deuxièmes motivations les plus fréquemment avancées pour se porter volontaire, « contribuer à la communauté, aider les autres » est cité par 42 % des volontaires, tandis que « vivre sa passion pour le sport » l’est par 38 %. Par ailleurs, 12 % des volontaires disent vouloir faire de nouvelles rencontres et 5 % développer des compétences.
C’est parmi les jeunes volontaires et les étudiants, ainsi que chez les volontaires des Jeux olympiques, que la passion pour le sport est une motivation relativement plus forte (citée respectivement par 53 % des 16-19 ans, 49 % des 20-29 ans, 50 % des étudiants et 44 % des volontaires JO [tableau 2, en ligne]). Ce motif décline avec l’âge et n’est plus cité que par 34 % des volontaires de 60 ans ou plus.
En revanche, contribuer à la communauté, aider les autres est une motivation relativement plus souvent citée par les volontaires les plus âgés ainsi que par ceux des Jeux paralympiques : c’est le cas d’un volontaire de 60 ans ou plus sur deux (contre seulement un de moins de 30 ans sur quatre) et de 44 % des volontaires aux JP. La différenciation des ressorts de l’engagement selon l’âge avait été déjà mise en évidence lors des jeux de Londres en 2012 [5].
Méthode
Plus de 10 000 volontaires interrogés
L’INJEP s’est associé à Paris 2024, le comité d’organisation des JOP, pour interroger leurs volontaires. La collecte s’est déroulée par internet du 12 septembre au 3 octobre. 10 817 volontaires ont répondu, dont 9 739 résidant en France (soit un taux de réponse de 26 % pour ceux résidant en France). Un calage sur marge a été réalisé pour garantir la représentativité des résultats (âge en cinq catégories, sexe, lieu de résidence, participation aux JO/JP/aux deux).
Le comité d’organisation de Paris 2024 s’était engagé à proposer à chaque volontaire une mission qui correspondait à ses aspirations et à ses savoir-faire, tout en tenant compte des besoins de l’organisation et des disponibilités du candidat. Lors de l’inscription, les personnes émettaient des souhaits, puis les organisateurs de Paris 2024 réalisaient les affectations.
Trois grands types de missions étaient proposés : le premier regroupait les missions au service de l’expérience des acteurs des jeux, spectateurs comme athlètes, délégations sportives ou journalistes (accueil, information, transport, services médicaux) ; le deuxième, celles au service de la performance sportive (chronométrage, ramassage de balle, suivi des scores) ; et le dernier, celles visant à faciliter et fluidifier l’organisation (accréditation, distribution des équipements, installation de matériel).
Mobilisés en moyenne treize jours (douze jours pour les Jeux olympiques seuls, neufs pour les Jeux paralympiques seuls et dix-huit jours pour les deux), un peu plus de la moitié des volontaires déclarent avoir exercé une seule mission, un sur six en déclare trois ou plus. Au total, huit volontaires sur dix ont été mobilisés sur des missions en lien avec l’expérience des acteurs des jeux, trois sur dix sur des missions liées à l’organisation et un sur vingt à la performance. Dans le détail, 43 % des volontaires ont effectué une mission liée à l’accueil et à l’orientation des spectateurs, 25 % à l’accompagnement des athlètes et 21 % à l’accueil et l’orientation des personnes accréditées [tableau 1].
La quasi-totalité des volontaires (97 %) se déclarent satisfaits de leur expérience générale à l’occasion des JOP de Paris 2024 (76 % très satisfaits). Les volontaires ayant participé uniquement aux Jeux paralympiques se déclarent plus souvent très satisfaits que ceux ayant participé aux Jeux olympiques seuls ou aux deux événements (82 % contre 74 % dans les deux autres cas). Les Jeux paralympiques ont pu susciter chez les volontaires un sentiment plus fort d’utilité sociale. Au reste, fortes de l’expérience des Jeux olympiques, les équipes de Paris 2024 en charge du programme « volontaires » ont pu capitaliser sur les enseignements de ce premier événement et ainsi améliorer l’expérience des volontaires. Du fait du nombre inférieur de spectateurs attendus, le nombre de volontaires mobilisés était plus réduit, ce qui a également pu limiter le sentiment de surnombre et l’ennui expérimentés par certains volontaires lors des JO.
Les volontaires sont également très satisfaits des tâches effectuées : interrogés spécifiquement sur leur satisfaction vis-à-vis de la mission confiée, 75 % des volontaires attribuent une note de 6 ou 7 sur 7. Seuls 5 % des volontaires attribuent une note égale ou inférieure à 3 [tableau 1]. Les missions sur les sites de compétition, permettant notamment un contact avec les athlètes (comme celles visant à « accompagner les athlètes et leur performance »), ainsi que celles au contact des autres volontaires ou des spectateurs ont été les plus plébiscitées. Au contraire, les missions liées au transport, avec moins de contact avec le public, plus éloignées des épreuves et potentiellement plus souvent soumises aux modifications de planning, ont été relativement moins appréciées.
Cette expérience lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 semble susciter de fortes envies d’engagement futur, que cela soit dans des associations ou pour d’autres événements sportifs.
En effet, parmi les volontaires qui n’étaient pas bénévoles dans une association avant les JOP, 51 % envisagent de devenir volontaires dans un club ou une association sportive dans les douze prochains mois (15 % très probablement) et 62 % dans une association, quel que soit le domaine. La quasi-totalité des volontaires qui étaient bénévoles actifs dans une association sportive (au cours des douze derniers mois) souhaitent poursuivre leur engagement (91 %).
Presque neuf volontaires sur dix (85 %) jugent également probable ou très probable qu’ils se portent à nouveau volontaires au cours de l’année à venir lors d’une compétition ou d’un événement sportif, et huit sur dix lors de prochaines olympiades. C’est également le cas pour les personnes qui participaient pour la première fois à un grand événement sportif, bien que dans des proportions moindres (80 % jugent probable ou très probable qu’ils se portent à nouveau volontaires pour des événements sportifs, contre 93 % de ceux qui en ont fait l’expérience). Il s’agit d’un résultat habituel à l’issue d’un grand événement sportif, comme après la Coupe du monde de rugby en France en 2023 [6], sans qu’il soit possible à ce stade d’apprécier dans quelle mesure ce désir de se réengager se concrétisera dans les faits.
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