Environ 32 000 jeunes de 15 à 17 ans ont participé en 2022 à un séjour de cohésion dans le cadre du Service national universel (SNU). Comme en 2019 et 2021, l’INJEP a interrogé ces jeunes volontaires pour mieux comprendre leurs motivations et leur vécu du séjour. Le taux de satisfaction demeure élevé (90 %) et la mixité sociale modérée, même si elle diffère selon la période du séjour. Les retours d’expérience varient entre les filles et les garçons. Ces derniers citent davantage le patriotisme parmi les objectifs du SNU, moins souvent les thèmes de société ou la promotion de l’égalité des chances. Ils aspirent davantage à s’engager dans les clubs sportifs et l’armée, et moins dans les associations non sportives ou les structures de santé. La satisfaction est plus élevée chez les « bons » élèves et les jeunes qui découvrent la vie en collectivité, ainsi que dans les petits centres ruraux. Elle l’est logiquement moins chez les jeunes qui considèrent que le SNU leur a été imposé par leur famille.
SERVICE NATIONAL UNIVERSEL
Environ 32 000 jeunes de 15 à 17 ans ont participé en 2022 à un séjour de cohésion dans le cadre du Service national universel (SNU). Comme en 2019 et 2021, l’INJEP a interrogé ces jeunes volontaires pour mieux comprendre leurs motivations et leur vécu du séjour. Le taux de satisfaction demeure élevé (90 %) et la mixité sociale modérée, même si elle diffère selon la période du séjour. Les retours d’expérience varient entre les filles et les garçons. Ces derniers citent davantage le patriotisme parmi les objectifs du SNU, moins souvent les thèmes de société ou la promotion de l’égalité des chances. Ils aspirent davantage à s’engager dans les clubs sportifs et l’armée, et moins dans les associations non sportives ou les structures de santé. La satisfaction est plus élevée chez les « bons » élèves et les jeunes qui découvrent la vie en collectivité, ainsi que dans les petits centres ruraux. Elle l’est logiquement moins chez les jeunes qui considèrent que le SNU leur a été imposé par leur famille.
Le Service national universel (SNU) a été lancé en 2019 avec l’objectif de « favoriser et valoriser toutes les formes d’engagement des jeunes qui témoignent de leur citoyenneté, de leur volonté de servir l’intérêt général et de leur attachement aux valeurs de la République [afin] de promouvoir une véritable culture de l’engagement ». Il s’adresse aux jeunes de 15 à 17 ans et prend la forme d’un « séjour de cohésion », suivi dans l’année par une mission d’intérêt général effectuée dans une association, un « corps en uniforme » (armée, police, gendarmerie ou pompiers) ou un autre organisme public. La dernière phase, facultative, correspond à un engagement de 3 à 12 mois entre 16 et 25 ans en service civique, dans les réserves des corps en uniforme, ou encore comme bénévole au sein d’une association.
En 2022, le SNU continue sa montée en charge, en proposant davantage de séjours de cohésion ouverts à un plus grand nombre de participants. Ainsi, trois séjours de cohésion ont eu lieu, accueillant environ 32 000 jeunes volontaires : du 14 au 25 février pour près de 3 000 jeunes ; du 12 au 24 juin (environ 14 000 participants) ; et du 3 au 15 juillet (15 000 participants). L’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), mandaté1 depuis 2019 pour évaluer le SNU, a mené une enquête quantitative auprès de 5 500 participants aux séjours de juin et juillet pour recueillir leur ressenti sur cette expérience et leur vision du dispositif [encadré « Méthode »]. Comme en 2019 et 2021, la participation au SNU s’est faite sur la base du volontariat et les résultats de l’enquête s’avèrent assez similaires à ceux des éditions précédentes (Francou, James, 2019 ; James et al., 2021).
Méthode
L’enquête sur les séjours de cohésion SNU
L’enquête quantitative sur les séjours de cohésion 2022 a été conduite auprès de 5 500 jeunes dans 54 centres SNU répartis sur le territoire national, ayant organisé un séjour en juin (du 12 au 24 juin) et/ou en juillet (du 3 au 15 juillet). Ces centres SNU ont été sélectionnés aléatoirement parmi les 235 centres de juin et juillet, en veillant via une stratification, à équilibrer les territoires et les tailles de centres : 25 centres en juin, 29 en juillet. Un calage sur marge a été réalisé sur les réponses, afin de garantir la représentativité nationale des informations collectées.
L’enquête s’est déroulée en fin de séjour, entre le 20 et le 23 juin, puis entre le 11 et le 15 juillet 2022. Lors de la passation, réalisée par l’institut BVA, les jeunes participants ont été répartis en sous-groupes de 30 personnes et ont répondu, à l’aide de tablettes, à un questionnaire conçu par l’INJEP d’une durée moyenne de 20 minutes. En moyenne, une centaine de questionnaires ont pu être renseignés dans chaque centre.
Le questionnaire 2022 reprend très largement les questionnements de 2019 et de 2021, à des fins de comparaison. Il vise à comprendre les conditions de mise en œuvre, à recueillir le ressenti des participants et à saisir les points forts et points faibles des séjours de cohésion.
La mixité sociale s’accroît dans les séjours de février et de juillet mais reste plus modérée en juin
Les participants aux séjours de 2022 ont, en moyenne, des profils assez proches de ceux des participants de 2021 : la part des filles est plus élevée que celle des garçons (56 % contre 44 %) ; 5 % des participants résident en quartier prioritaire de la ville – QPV – (contre 8 % des 15-17 ans) et les jeunes scolarisés en voie générale et technologique sont largement surreprésentés (84 % contre 65 % des 15-17 ans au niveau national [MENJS-MESRI-DEPP, 2022]).
Cependant, les profils des volontaires des séjours de février sont plus équilibrés en ce qui concerne le genre, et une proportion plus élevée de jeunes est issue des QPV (7 %) et de la voie professionnelle (26 %). Cette période de février accueille également des participants sensiblement plus jeunes : plus des trois quarts avaient 15 ans (Chevallier et al., 2022). Les séjours de juillet ont eux aussi attiré légèrement plus de jeunes des QPV (5 % contre 4 % en juin), de voie professionnelle (21 % en juillet contre 6 % en juin), et davantage de participants âgés de 17 ans (21 % en juillet contre 3 % en juin). En effet, de nombreux jeunes de la voie professionnelle sont en stage ou en alternance en juin, expliquant probablement la difficulté à les faire participer aux séjours de cohésion.
Les séjours de juin et de juillet, comme les séjours précédents, sont caractérisés par une sous-représentation des enfants d’ouvriers (20 % des participants déclarent avoir un père ouvrier alors que 30 % des hommes en emploi appartiennent à cette catégorie) et par une surreprésentation des enfants de cadres, d’artisans, de commerçants, et de chefs d’entreprise (43 % des pères, contre 33 % de l’ensemble des hommes en emploi). Enfin, plus d’un tiers des participants sont issus de familles où au moins un des parents occupe, ou a occupé, un emploi dans les « corps en uniforme » (33 %). C’est un peu moins qu’en 2021 (40 %), mais cela reste très élevé, les policiers, militaires et pompiers ne représentant que 2 % de la population en emploi en 2021 (INSEE, 2022).
Les sphères scolaires et familiales restent les principales sources d’information sur le SNU
Le cadre scolaire reste le principal vecteur d’information sur le SNU. En 2022, 55 % des participants déclarent avoir appris qu’ils pouvaient se porter volontaires par le biais d’actions organisées dans leur établissement scolaire : réunions d’information (pour 44 % des volontaires), présentations par les professeurs (35 %), affiches (30 %) ou prospectus (28 %). Cependant la part de ce vecteur est en baisse depuis 2019 (74 % des participants de 2019 se déclaraient informés par leur établissement scolaire), alors que l’information via la famille, les groupes d’amis ou les réseaux sociaux augmente.
Les garçons sont plus fréquemment informés et incités à participer au SNU par leur famille, tandis que les filles le sont plus souvent par des amis ou camarades, par les réseaux sociaux ou encore par leur établissement scolaire [graphique 1]. Les filles sont aussi plus nombreuses à déclarer avoir des amis qui réalisent également le SNU (75 % contre 65 %).
Lors des séjours de juin et de juillet, 8 % des jeunes déclarent que la participation au SNU leur a été imposée, dans la grande majorité des cas par leur famille. Cette part de « non-volontaires » est proche des 10 % observés en 2021. Les garçons sont plus souvent dans ce cas (14 %) que les filles (4 %).
À l’instar de ce qui avait été observé les années précédentes, les principales motivations citées pour participer au SNU sont la volonté de faire des rencontres (72 %), de pratiquer du sport (67 %), d’avoir une expérience à valoriser sur leur CV (65 %), et d’être dans un cadre militaire (61 %). L’initiation au code de la route n’est citée que par 30 % des participants (41 % parmi les jeunes originaires des QPV), alors même qu’ils bénéficient d’une formation en ligne au code de la route et d’une inscription à l’examen offertes. Les motivations à participer au SNU diffèrent également selon le sexe : les garçons sont particulièrement motivés par le cadre militaire et les activités sportives, alors que les filles sont surreprésentées parmi les volontaires motivés par les rencontres, les apprentissages et la culture de l’engagement qui peuvent être acquis dans le cadre du SNU [graphique 4, en ligne].
Les activités sportives et liées à la défense et la sécurité plébiscitées, l’organisation des journées jugée comme dense
Un volontaire sur deux estime que l’emploi du temps et l’organisation des journées sont à améliorer (- 4 points par rapport à 2021) et plus de la moitié considèrent que les temps de pause sont insuffisants. Cela rejoint les retours d’expérience précédents (Defasy et al., 2022), qui pointaient la fatigue en fin de séjour, liée à des plannings très denses et des horaires de lever très matinaux.
Le planning des séjours est organisé en modules thématiques. Les plus intéressants d’après les participants sont ceux relatifs à la défense, à la sécurité et à la résilience nationale (60 % des participants ont trouvé ces modules très intéressants), les activités physiques, sportives et de cohésion (49 %) et la découverte de l’engagement (47 %). Les modules relatifs à la mobilité et au développement durable ont le moins intéressé les participants (respectivement 21 % et 16 % de participants très intéressés). Les précédentes évaluations qualitatives (Defasy et al., 2022) avaient pointé le caractère jugé souvent trop scolaire de ces modules, parfois redondants avec des enseignements réalisés durant l’année.
Enfin, la qualité des lits et dortoirs, de la nourriture ainsi que des uniformes est pointée par de nombreux jeunes comme pouvant être améliorée. Les filles se montrent davantage critiques sur les uniformes (tenues en nombre insuffisant, inadaptées aux conditions météorologiques ou en taille) : 39 % d’entre elles déclarent qu’ils devraient être améliorés contre 30 % des garçons [graphique 5 et tableau 2, en ligne].
Une perception différente des objectifs du SNU entre filles et garçons
Parmi les participants, 77 % pensent que le SNU est utile à la société. Les objectifs qui leur paraissent les plus importants sont, comme lors des séjours précédents, l’engagement des jeunes (58 %), la mixité sociale (55 %), l’apprentissage des gestes de premiers secours (45 %) et la défense et la sécurité (41 %).
Toutefois, les filles accordent plus d’importance à la promotion de l’égalité des chances (24 % des filles contre 18 % des garçons), à l’apprentissage sur les thèmes de société via les modules (32 % contre 23 %), et à l’initiation aux premiers secours (50 % contre 39 %). Les garçons citent beaucoup plus parmi les objectifs importants du SNU le patriotisme (ils sont 36 % à estimer que le SNU doit contribuer à faire en sorte que les jeunes aiment la France, contre 16 % des filles) et l’insertion professionnelle des jeunes (17 % des garçons citent cet item, contre 10 % des filles) [graphique 2].
Des jeunes nettement mieux informés sur les missions d’intérêt général, des aspirations différentes selon le sexe
Trois quarts des participants de 2022 (76 %) sont enthousiastes à l’idée de s’engager dans une mission d’intérêt général (MIG), qui constitue la deuxième phase du SNU. 32 % des participants se déclarent très enthousiastes, contre 35 % en 2021 et 40 % en 2019. En outre, les deux tiers des participants de 2022 déclarent avoir reçu des informations sur la MIG au cours de leur séjour de cohésion, contre 40 % en 2021. En définitive, seuls 7 % des participants déclarent ne pas du tout avoir reçu d’information à ce sujet en 2022, contre 23 % en 2021.
Comme les années précédentes, les souhaits de MIG s’orientent surtout vers l’armée (47 %), la police et la gendarmerie (36 %) et les pompiers (29 %). Le genre est un facteur de différenciation important : les garçons sont surreprésentés parmi les volontaires qui souhaitent réaliser leur MIG dans l’armée (50 % des participants souhaitent y réaliser la MIG, contre 44 % des participantes) ou les clubs sportifs (31 % contre 19 %).
De leur côté, les filles expriment plus souvent le souhait de se diriger vers les associations non sportives (31 % contre 14 % des garçons), vers les structures de santé (25 % contre 6 %). Elles sont également surreprésentées parmi les volontaires qui souhaitent réaliser leur MIG dans les collectivités ou les autres organismes de l’État [graphique 3].
Une satisfaction plus élevée chez les « bons » élèves et dans les petits centres ruraux
À l’issue des séjours, 90 % des jeunes volontaires se déclarent plutôt ou tout à fait satisfaits, un taux similaire à celui des années précédentes. Ils sont toutefois moins nombreux à être « très satisfaits » (40 % en 2022, contre plus de 48 % en 2021 et 2019), et ont davantage tendance à être « plutôt satisfaits » (51 % en 2022, contre 41 % en 2021).
La part des participants qui se déclarent très satisfaits varie beaucoup selon les caractéristiques individuelles et, dans une moindre mesure, selon celles du centre d’accueil [tableau 1, en ligne]. Ainsi, les jeunes qui considèrent que leur participation au SNU a été imposée, le plus souvent par leur famille (« non volontaires »), sont logiquement moins fréquemment très satisfaits (18 %, contre 42 % des autres jeunes). De manière plus surprenante, les participants déclarant des résultats scolaires « excellents » ou « bons » sont respectivement 46 % et 42 % à être très satisfaits, contre 27 % et 33 % de ceux ayant des résultats scolaires « pas très bons » ou « mauvais ». Enfin, les participants qui découvrent la vie en collectivité sont 44 % à être très satisfaits, contre 38 % de ceux qui ont déjà une expérience en colonie de vacances ou en internat.
La part de très satisfaits est également plus élevée dans les centres situés en milieu rural et qui accueillent de petits effectifs. Le sexe et le milieu social d’origine ne semblent en revanche pas être déterminants dans le niveau de satisfaction des participants.
Sources bibliographiques
• Chevallier M., Defasy A., Leplaideur M., Déploiement du Service national universel sur l’ensemble du territoire français. Évaluation qualitative des séjours de cohésion de février 2022, Paris, INJEP, coll. « Notes & rapports/Rapports d’étude », 2022.
• Defasy A. Desjonqueres T., Hervieu M. Leplaideur M., Déploiement du Service national universel sur l’ensemble du territoire français en 2021. Enseignements de l’évaluation des séjours de cohésion, Paris, INJEP, coll. « Notes & Rapports/Rapport
d’étude », 2022.
• Francou Q., James S., « Évaluation de la préfiguration du Service national universel. Premiers résultats issus de l’enquête quantitative réalisée auprès des volontaires », INJEP analyses et synthèses, no 27, 2019.
• INSEE, « Population selon le sexe, le statut d’activité et la catégorie socioprofessionnelle. Données annuelles 2021 », Chiffres-clés, 2022.
• James S., Mauroux A., Cousteaux A.-S., « Satisfaction confirmée des jeunes volontaires. Déploiement du Service national universel en 2021 », INJEP analyses et synthèses, no 51, 2021.
• MENJS-MESRI-DEPP, Repères et références statistiques. Enseignement – Formation – Recherche, 2022.
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