Au printemps 2024, sept jeunes sur dix âgés de 15 à 30 ans suivent les actualités plusieurs fois par semaine ou tous les jours. Les 25-30 ans, les hommes et les diplômés du supérieur sont les plus assidus, de même que ceux issus de familles accordant une grande place aux actualités. Les 15-30 ans consultent des sujets variés, avec une préférence pour le sport et les faits divers. Leurs goûts en matière d’actualités diffèrent aussi selon le genre : les jeunes femmes s’intéressent particulièrement aux faits divers, à la mode et la beauté et aux sujets de santé et de bien-être, tandis que le sport attire plus les jeunes hommes. Les réseaux sociaux sont très présents dans leurs pratiques informationnelles, mais la télévision conserve un rôle important, tout comme, dans une moindre mesure, d’autres supports d’information (moteurs de recherche, discussions avec l’entourage, etc.).
Au printemps 2024, sept jeunes sur dix âgés de 15 à 30 ans suivent les actualités plusieurs fois par semaine ou tous les jours. Les 25-30 ans, les hommes et les diplômés du supérieur sont les plus assidus, de même que ceux issus de familles accordant une grande place aux actualités. Les 15-30 ans consultent des sujets variés, avec une préférence pour le sport et les faits divers. Leurs goûts en matière d’actualités diffèrent aussi selon le genre : les jeunes femmes s’intéressent particulièrement aux faits divers, à la mode et la beauté et aux sujets de santé et de bien-être, tandis que le sport attire plus les jeunes hommes. Les réseaux sociaux sont très présents dans leurs pratiques informationnelles, mais la télévision conserve un rôle important, tout comme, dans une moindre mesure, d’autres supports d’information (moteurs de recherche, discussions avec l’entourage, etc.).
À quelle fréquence les jeunes suivent- ils les actualités ? Quels thèmes consultent-ils (sport, politique, sujets de société, faits divers, culture et arts, etc.) ? Pourquoi s’informent-ils ? Réseaux sociaux, télévision, moteurs de recherche, presse… quelles sources mobilisent-ils ? Telles sont les questions auxquelles le Baromètre DJEPVA sur la jeunesse, 2024 [encadré « Zoom sur… »] s’attache à répondre. Dans un contexte où l’offre médiatique s’est largement développée en ligne et où les modes d’accès à l’information se sont démultipliés au cours de ces deux dernières décennies [1, 2], il explore la variété des pratiques des jeunes âgés de 15 à 30 ans en matière d’actualités1. Il éclaire notamment l’effet de la socialisation familiale aux actualités, de l’âge, du genre ou du diplôme sur ces pratiques informationnelles et fournit des éléments de comparaison avec les plus de 30 ans [3].
Zoom sur
Le Baromètre DJEPVA sur la jeunesse, 2024
Depuis 2016, la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA) et l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) ont mis en place le Baromètre DJEPVA sur la jeunesse. Réalisé chaque année par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC), il s’inscrit dans la volonté de proposer aux acteurs publics et à l’ensemble des professionnels mobilisés pour la jeunesse des indicateurs récurrents sur le ressenti des jeunes (satisfaction, confiance, état d’esprit) ainsi que sur leurs engagements en tant que citoyens.
Le baromètre 2024 a été réalisé par l’intermédiaire d’un questionnaire en ligne dans l’Hexagone et administré par téléphone dans les outre-mer (La Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane). Cette année, un module dédié aux « pratiques informationnelles » des jeunes a été ajouté. Les données ont été collectées entre le 12 mars et le 24 avril 2024 auprès d’un échantillon représentatif de 4 505 jeunes résidant en France et âgés de 15 à 30 ans, sélectionnés selon la méthode des quotas, et auprès d’un échantillon miroir de 1 040 personnes âgées de plus de 30 ans. Un redressement régional puis national a été effectué pour assurer la représentativité de l’échantillon par rapport à la population nationale.
Entre 15 et 30 ans, la majorité des jeunes se sont tenus informés des actualités plusieurs fois par semaine, voire tous les jours (cela concerne 7 jeunes sur 10 âgés de 15 à 30 ans), au cours des douze derniers mois, soit sensiblement moins que leurs aînés (9 personnes sur 10 chez les plus de 30 ans).
Tous les jeunes ne s’informent pas selon la même régularité. L’importance accordée aux actualités durant l’enfance ou l’adolescence au sein de la famille (ou du foyer) façonne durablement et nettement la fréquence de consultation des actualités [graphique 1]. Ainsi, ceux qui estiment que les actualités avaient une « très grande importance » dans leur famille sont aussi ceux qui suivent plus souvent les informations au quotidien (58 %) par rapport aux jeunes ayant grandi dans des familles où l’information n’avait « pas du tout d’importance » (22 %). Le cercle familial a donc un rôle déterminant dans la transmission des pratiques informationnelles au cours de la jeunesse [4].
Le suivi quotidien des actualités progresse sensiblement avec l’âge : si entre 15 et 17 ans, près de 3 jeunes sur 10 déclarent s’informer tous les jours, c’est le cas de 4 jeunes sur 10 parmi les jeunes adultes (25-30 ans). Cette évolution peut s’expliquer par des centres d’intérêt qui s’affirment et qui se diversifient au fur et à mesure de la formation dans l’enseignement supérieur et de l’insertion sociale et professionnelle. La décohabitation du foyer parental pourrait également inciter les jeunes adultes à s’informer plus régulièrement par eux-mêmes.
Des différences de genre sont perceptibles à tous les âges (15-17 ans, 18-24 ans et 25-30 ans). La proportion des jeunes hommes qui s’informent au quotidien sur les actualités est un peu plus élevée que celle des jeunes femmes : chez les 15-17 ans, 3 hommes sur 10 consultent les actualités tous les jours de la semaine, contre 2 femmes sur 10. Chez les 18-24 ans, ce sont 4 hommes sur 10, contre 3 femmes sur 10. Et chez les 25-30 ans, ce sont 5 hommes sur 10, contre 4 femmes sur 10. Cet écart entre les sexes pourrait s’expliquer en partie par une définition différente des « actualités » entre hommes et femmes ou bien par un niveau d’intérêt pour les actualités différent selon les sexes – du moins sur certains sujets [voir graphique 2]. La répartition inégale des tâches domestiques réduit aussi sans doute le temps que les femmes, y compris les plus jeunes, peuvent consacrer à d’autres activités, dont le suivi des informations.
Les études menées et le diplôme obtenu ont un effet notable sur la fréquence de suivi des actualités. Ainsi, les jeunes adultes diplômés de l’enseignement supérieur se tiennent plus fréquemment au courant des actualités tous les jours : 48 % parmi les 25-30 ans en comparaison aux jeunes ayant obtenu un diplôme inférieur ou égal au baccalauréat (39 % parmi les 25-30 ans). La corrélation observée entre le diplôme et la fréquence de consultation des actualités pourrait résulter en partie des habitudes acquises pendant les études supérieures, certaines formations exigeant une consultation assidue des médias. Celle-ci pourrait aussi être le fait de la socialisation à l’actualité, les plus diplômés étant plus représentés parmi ceux qui ont été socialisés à l’actualité durant l’enfance ou l’adolescence.
Les actualités, telles que les appréhendent les 15-30 ans, recouvrent une pluralité de thèmes. Leurs centres d’intérêt apparaissent ainsi éclectiques. Parmi quatorze thèmes d’actualité proposés, les jeunes se disent plus souvent attirés par le sport (45 %) et les faits divers (39 %), puis par la politique nationale (35 %), l’environnement et le climat (34 %) et la politique internationale (33 %) [graphique 3 en téléchargement]. Chez les plus de 30 ans, les faits divers se placent en première position, suivis par la politique nationale et internationale. Le sport n’arrive qu’en septième position. Les centres d’intérêt des jeunes sont en outre très genrés. En effet, l’information sportive, puis la mécanique, l’automobile et la moto ainsi que les sciences et les technologies suscitent plus d’intérêt chez les jeunes hommes [graphique 2]. De leur côté, les jeunes femmes s’intéressent bien plus fréquemment que les jeunes hommes aux faits divers, puis à la mode et la beauté, à la santé et au bien-être, aux questions de société (éducation, familles, logement, justice…), à la vie des célébrités et aux sujets people. En revanche, les écarts entre les sexes sont plus resserrés pour la culture et l’art ou la politique internationale, voire négligeables pour la politique nationale ou l’économie.
Après 30 ans, les pratiques informationnelles restent fortement genrées, même si les préférences des hommes et des femmes évoluent. Par exemple, les hommes âgés de plus de 30 ans sont plus férus de politique internationale et nationale, de sujets environnementaux ou d’économie que les femmes du même âge.
Par ailleurs, le Baromètre DJEPVA sur la jeunesse, 2024 montre que les pratiques des jeunes adultes (25‑30 ans) se distinguent de celles des adolescents (15‑17 ans). Les premiers s’intéressent à des sujets plus variés que les plus jeunes, à l’image de leur intérêt pour la politique, l’environnement, les questions de société, l’économie, les sciences et technologies ou la santé. Les centres d’intérêt des jeunes s’élargissent donc en parallèle de leur entrée dans la vie adulte, d’une part parce que leurs goûts évoluent, et d’autre part parce qu’il est sans doute plus aisé de décrypter ces sujets à un âge plus avancé.
Du côté des actualités renvoyant à des thèmes plus classiques (politique, économie, sujets de société, environnement), les clivages s’expliquent également par la socialisation familiale. Ainsi, le fait d’avoir eu des parents qui suivaient les actualités2 semble favoriser l’intérêt pour les sujets relatifs à la politique nationale et internationale (respectivement 39 % et 37 %), aux questions de société (35 %), à l’économie (36 %), l’environnement et le climat (38 %). C’est également le cas des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur – la socialisation à l’actualité étant corrélée au niveau de diplôme – ou des jeunes occupant un emploi qualifié (comme cadres ou professions intellectuelles supérieures par exemple).
La « curiosité [le souhait] d’apprendre des choses et comprendre le monde qui les entoure » est la première motivation des 15-30 ans (64 %) pour suivre les actualités [tableau 2 en téléchargement]. C’est le cas de 68 % des jeunes femmes contre 59 % des jeunes hommes. Vient ensuite l’intérêt de « discuter et de débattre avec l’entourage » (39 %), sans différence significative entre les sexes.
Chez les plus de 30 ans, suivre les actualités permet aussi et avant tout de satisfaire sa curiosité et de s’instruire puis d’alimenter les discussions avec autrui. En revanche, les jeunes perçoivent davantage les actualités comme une forme de divertissement ou de passe-temps par rapport aux plus de 30 ans : « se divertir, passer le temps » est la troisième motivation des 15-30 ans (37 %, contre 22 % chez les plus de 30 ans), en particulier chez les jeunes hommes, les moins diplômés et celles et ceux encore en études.
Il est un peu moins fréquent que les 15‑30 ans considèrent que suivre les actualités est « utile pour les études ou le travail » (27 %) ou qu’il s’agit d’un outil nécessaire pour « prendre des décisions éclairées en tant que citoyen ou citoyenne » (30 %). Néanmoins, des différences s’observent en fonction des âges : les 25-30 ans sont en effet plus nombreux à suivre les actualités pour « prendre des décisions éclairées » que les 15-17 ans.
Tandis que les plus de 30 ans privilégient la télévision pour se tenir au courant des actualités, les réseaux sociaux constituent la principale source d’information pour la moitié des 15-30 ans (53 %) [tableau 1]. Parmi eux, les adolescents (15-17 ans) et celles et ceux qui s’intéressent à la vie des célébrités et aux sujets people ou aux questions culturelles ou environnementales sont ceux qui mobilisent le plus les réseaux sociaux pour s’informer (dans l’ordre décroissant : Instagram, TikTok ou encore des sites vidéo YouTube spécifiques dédiés au décryptage des actualités).
Mais suivre les réseaux sociaux n’empêche pas les jeunes de porter un regard critique sur ces derniers. La majorité d’entre eux considèrent qu’ils « diffusent beaucoup plus de fausses informations que les autres médias (télévision, radio, presse…) ». De fait, les jeunes utilisent en plus des réseaux sociaux d’autres sources complémentaires pour s’informer comme la télévision, des sites internet spécifiques et des discussions avec leur entourage. C’est d’ailleurs « en confrontant ce que disent plusieurs médias (télévision, radio, presse…) » que 4 jeunes sur 10 parviennent à se forger une opinion sur un sujet qui fait débat dans la société.
Dans ce contexte, le rôle de la télévision n’est pas à négliger [5]. Elle continue d’occuper une place importante dans le quotidien des jeunes, y compris dans leurs pratiques informationnelles. Ainsi, 37 % des 15-30 ans déclarent regarder les journaux télévisés de 13 h ou de 20 h pour suivre les actualités, 26 % les chaînes d’information en continu et 13 % d’autres émissions télévisées [tableau 1]. Les jeunes qui s’intéressent à la politique nationale et internationale sont particulièrement spectateurs des journaux télévisés, tandis que ceux qui suivent la politique nationale et l’économie s’informent en priorité via les chaînes d’information en continu.
Les moteurs de recherche et les portails d’actualité – cités par 27 % des 15-30 ans – sont davantage mobilisés par les jeunes s’informant sur des sujets plus variés : sciences et technologies, mécanique, automobile et moto, santé et bien-être, ou encore les faits divers. Les médias 100 % vidéo (Brut, Konbini, Loopsider, Melty, etc.) sont, quant à eux, davantage suivis par celles et ceux qui s’informent sur la vie des célébrités et les sujets people, les voyages et la gastronomie ou encore la politique internationale.
Enfin, les échanges avec l’entourage permettent aussi aux jeunes – les adolescents plus que les jeunes adultes – de se tenir au courant des actualités : près de 20 % des jeunes évoquent les discussions avec l’entourage pour se tenir informés sur les actualités. C’est notamment un moyen privilégié par les jeunes qui s’informent sur la culture et l’art, la mode et la beauté.
Entre 15 et 30 ans, la majorité des jeunes s’informent donc régulièrement sur des sujets de plus en plus variés, en utilisant diverses sources d’information et supports (en ligne, hors ligne, échanges). Ces pratiques multiples contredisent l’idée qu’ils seraient « moins curieux » ou que les réseaux sociaux appauvriraient leur culture. Ainsi, la jeunesse est une période d’apprentissage des pratiques informationnelles qui restent en partie façonnées par celles de leur famille, leur genre ou leur niveau de diplôme.
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