Numéro coordonné par Sylvia Faure et Chantal de Linares
Jeunes, genre et société
Sylvia Faure, Chantal de Linares
Le genre aux États-Unis et en France
Éric Fassin, chercheur à l’UMR Genèse et transformation des mondes sociaux (EHESS, CNRS).
L’auteur analyse à partir de la définition du genre en opposition au sexe les déplacements successifs de ce concept qui s’est développé aux États-Unis dans un contexte scientifique et politique très différent de celui de la France dans la mesure où, outre-Atlantique, se rencontraient travaux universitaires et luttes féministes. Il apporte un éclairage sur les difficultés rencontrées en France dans l’importation de ces travaux et montre comment la réflexion actuelle, indissociable de la politisation des questions sexuelles, articule les questions de genre et de sexualité.
Complexité des rapports sociaux de sexe
Entretien avec Monique Haicault, chercheure au LEST, par Sylvia Faure et Chantal de Linares.
Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, Monique Haicault présente son parcours de chercheure et montre comment elle a été conduite à conceptualiser la notion de « rapports sociaux de sexe ». Sa thèse centrale est qu’ils constituent un rapport social majeur se manifestant et se constituant en lien avec les conditions sociales, matérielles et symboliques de l’existence quotidienne (de la coexistence) des deux sexes. Sa démarche a largement reposé sur l’interdisciplinarité en vue de tester ses hypothèses en différents domaines et objets d’investigation.
Le cirque à « l’école des banlieues »
Marie-Carmen Garcia, maître de conférences en sociologie, faculté d’anthropologi e et de sociologie, université Lyon-II, membre du GRS, UMR 5040, membre du centre Louise-Labé, Cécile Vigneron, professeur d’EPS agrégée, enseignante en EPS, chargée d’enseignement s complémentaires à l’UFR STAPS à l’université Lyon-I et à l’IUFM de Lyon, membre du groupe académique « Arts du cirque ».
En prenant appui sur une enquête menée dans un lycée de quartier populaire, les auteures questionnent les modalités de construction de la mixité dans les arts du cirque à l’école. Elles montrent que les positions scolaires des élèves pèsent considérablement dans les modes d’appropriation des pratiques circassienne s et dans les manières dont se construit la mixité.
Filles, garçons et musique punk
Éric Brun, doctorant en sociologie à l’EHESS, intégré au laboratoire du CSE.
Cet article analyse la production des rapports sociaux de sexe parmi des jeunes hommes et jeunes filles qui s’investissent dans un univers artistique « marginal », la musique punk. La focale d’observation se porte sur les logiques de socialisation et sur les processus de divisions sexuées du « travail », des rapports au temps et des modes d’investissement dans cette pratique considérée comme « masculine », dans cet univers social spécifique tendant à fonctionner en « hors temps social » et investi de valeurs contestataires et « antisexistes ».
Genre et activités sportives
Carine Guérandel, doctorante à l’université Toulouse-III, membre de l’équipe « Sports, organisation s, identités », Elsa Croquette, docteur en STAPS, membre de l’équipe « Sports, organisation s, identités », ATER à l’université Toulouse-III, Christine Mennesson, maître de conférences à l’université Toulouse-III, membre de l’équipe « Sports, organisation s, identités »
Contrairement à la plupart des lieux fréquentés par les jeunes des milieux populaires, le dispositif « Sport et insertion » étudié dans cette enquête permet aux jeunes filles et garçons de se rencontrer, ou tout du moins d’être en situation de coprésence. Cet article analyse l’ordre des interactions qui organise les relations entre les sexes au sein du dispositif et qui peut se traduire par la formule « ensemble-séparés » empruntée à Erving Goffman. Par ailleurs, si les comportement s des garçons se différencient globalement de ceux des filles, des différences au sein des groupes de sexe sont également observables, témoignant de la diversité des modes de construction du genre en milieu populaire. Cette diversité renvoie à la variété des dispositions scolaires et sexuées des jeunes enquêtés.
La place des femmes à l’usine
Henri Eckert, sociologue, chargé d’études au CEREQ.
Malgré la crise survenue au milieu des années 1970, la participation des femmes à l’activité économique et leur maintien en activité sur le long terme n’ont cessé de croître au cours de ces trente dernières années. L’arrivée de femmes dans des univers jusque-là réservés aux hommes a créé diverses situations de mixité qui remettent en jeu les rapports entre les sexes. En prenant appui sur l’exemple d’une chaîne de montage automobile, l’auteur montre comment la division sexuée du travail conforte finalement la domination masculine. Les femmes entrent toutefois en résistance contre cette hégémonie masculine et refusent de se soumettre à l’ordre sexué du travail et à l’assignation de sexe.
HLM : côté filles, côté garçons
Sylvia Faure, maître de conférences à la faculté d’anthropologie et de sociologie de l’université Lyon-II ; chercheure au GRS/UMR 5040.
Loin de renvoyer à une quelconque « nature » ou ?« culture » sexuée, les rapports sociaux de sexe dans les grands ensembles HLM relèvent des espaces de socialisation et des conditions spécifiques d’installation dans le quartier d’existence et d’avenir des familles populaires. L’auteure dans cet article interroge les « raisons sociologique s » qui rendent les relations filles-garçons, hommes-femmes plus ambivalentes que spécifiquement violentes ou conflictuelles.
Les mutations de l’éducation populaire
Nathalie Boucher-Petrovic, doctorante en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-XIII, chercheure rattachée à la Maison des sciences de l’homme Paris Nord, ATER à l’université de Cergy-Pontoise.
En France, les mouvements d’éducation populaire semblent depuis quelque temps s’interroger à leur tour sur les enjeux de la société de l’information et, pour certains, se les réapproprier. Ces mouvements, héritiers d’une histoire mouvementée ancrée dans le combat pour l’émancipation des hommes, semblent aujourd’hui trouver dans les discours sur la société de l’information des points d’appui pour (re)mettre à jour leur projet. S’il est certain que des filiations peuvent être revendiquées entre le projet d’éducation populaire et celui de société de l’information, des divergences demeurent et questionnent tant la société de l’information comme projet politique que l’identité et le rôle des mouvements d’éducation populaire aujourd’hui.
Enseigner la danse à l’école en partenariat
Sophie Necker, doctorante en sociologie, au sein de l’Équipe de recherche en anthropologie et sociologie de l’expertise, université Paul Verlaine de Metz.
Les enseignants et artistes qui transmettent « en duo » la danse à l’école ne mobilisent pas la même expertise. Aussi s’engagent-ils dans un processus de médiation et de traduction. Leurs compétences s’enrichissent mutuellement , s’adaptent à la situation. Les expertises et cultures s’hybrident alors. La microanalyse ethnographique d’ateliers (associée au recueil et traitement d’entretiens ainsi qu’à l’analyse de documents) révèle la conception et l’organisation de la transmission , les choix et les ajustements mis en œuvre par enseignants, artistes et élèves pour créer un moment de danse.
LIRE, FAIRE LIRE
Comptes rendus de lecture
Trouble dans le genre : pour un féminisme de la subversion, Judith Butler
À leur corps défendant : les femmes à l’épreuve du nouvel ordre moral, Christine Détrez, Anne Simon
Les jeunes en Europe centrale et orientale, sous la direction de Mircea Vultur
« Enfermements et éducations », Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » : le temps de l’histoire, n° 7, CNFE-PJJ, décembre 2005
Territoires musicaux en région : l’émergence des musiques amplifiées en Aquitaine, Yves Raibaud
La socialisation, Muriel Darmon
AGENDA (colloques, rencontres, événements)
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