Consulter ou télécharger la synthèse de ce document.
L’engagement des jeunes sortant du système de protection de l’enfance dans des causes défendant leurs droits est un phénomène méconnu. Des recherches sont apparues ces dernières années sur la participation individuelle des enfants et des jeunes dans leur propre accompagnement socio-éducatif mais se sont peu centrées sur leur participation collective dans des groupes cherchant à changer les pratiques ou la politique qui les affectent. La recherche menée ici vise à décrire et à comprendre les processus et facteurs d’engagement des jeunes, lors de leur transition vers la vie adulte, dans plusieurs organisations de « placés » et d’anciens « placés » par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ou par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) en France et au Québec.
Sortir des institutions de la protection de l’enfance à 18 ou à 21 ans confronte ces jeunes à de multiples difficultés d’intégration sociale. La transition vers l’âge adulte des jeunes placés en France comme au Québec s’accompagne d’une injonction à l’autonomie et à l’indépendance dès qu’ils atteignent l’âge de la majorité, dans un contexte de prolongement de la jeunesse sous dépendance familiale et une situation socio-économique sombre en particulier en France.
S’appuyant sur des entretiens de jeunes engagés dans l’accompagnement de leurs pairs, sur des observations de terrain ainsi que sur le recueil de documents issus de ces organisations d’entraide, cette enquête, mobilisant une équipe de recherche internationale et interdisciplinaire, tente de saisir comment et pourquoi ces jeunes placés et sortant de placement sont amenés à s’engager dans des organisations d’entraide et comment ces formes collectives d’engagement peuvent les soutenir dans leur processus d’autonomisation vers l’âge adulte. Cette solidarité entre pairs au sein des organisations d’entraide permet aux jeunes d’acquérir des connaissances sur leurs droits sociaux ainsi qu’un soutien social et un espace dans lequel ils peuvent donner du sens à leurs expériences difficiles de transition vers la vie adulte sans soutien familial. Ces associations d’anciens placés jouent un rôle majeur de soutien pour ces jeunes dans une période de leur vie pauvre en aides sociales. Elles tentent de remédier aux différentes carences des politiques publiques destinées aux 18-25 ans.
Cette recherche montre aussi tout leur travail de sensibilisation auprès des pouvoirs publics, notamment leur rôle dans la mise à l’agenda des problèmes publics qui les concernent (logement à la sortie, insertion professionnelle, continuité dans les études).