Ce rapport, qui aborde les LGBTI-phobies comme un prolongement du sexisme et de l’importance de conserver un ordre hétéronormatif, s’inscrit dans la suite de travaux menés en 2013 par l’INJEP sur les jeunes face aux discriminations liées à l’orientation sexuelle et au genre.
En France, les LGBTI-phobies dans le sport ont fait l’objet de plusieurs analyses de la part de chercheur·ses en sciences sociales, qui y relèvent l’héritage d’une culture sportive homophobe et sexiste. Il convient de mettre en perspective ces conclusions à la lumière de la préoccupation sociale et politique renouvelée pour l’égalité des sexes, des minorités sexuelles et de genre, qui s’affirme notamment chez les jeunes.
L’enquête, menée entre septembre 2021 et avril 2022, ambitionne de documenter, en articulant la question du genre avec d’autres variables qui lui sont coextensives, la construction sociale des LGBTI-phobies dans le sport. Elle s’appuie sur une approche qualitative, par observations et entretiens, auprès des sections sport de combat (boxe et escrime), connotées au masculin, de deux associations franciliennes. L’analyse est ainsi consacrée à la manière dont les mécanismes de l’hétéronormativité se déploient au sein des différents espaces sportifs locaux, situés respectivement dans des territoires économiquement aisés et fragilisés. Le rapport s’attelle finalement à détailler la dimension genrée des LGBTI-phobies, laquelle se révèle surtout en négatif, à partir de l’observation d’une invisibilisation des hommes gays, en comparaison des lesbiennes, indépendamment des territoires où sont implantées les sections sportives étudiées.
Si l’enquête révèle des conduites de transgression des frontières de genre, celles-ci restent marginales et davantage le fait des femmes. Certaines femmes trouvent en effet dans l’espace du sport, et notamment de compétition, les conditions pour s’opposer aux normes dominantes associées à la féminité, mais les hommes observent majoritairement les conventions de la virilité traditionnellement associées à l’expérience sportive. Finalement, l’organisation proposée par les clubs respecte un système traditionnel de genre. Ce constat général fait, le rapport invite à s’affranchir d’une vision homogène des LGBTI-phobies en pensant les formes diverses qu’elles peuvent recouvrir en fonction des contextes locaux. Les modalités pédagogiques des pratiques sportives considérées font ainsi la preuve, non pas tant d’un effacement de la domination masculine, mais plutôt d’une transformation de ses modalités d’expression, notamment gouvernées par des effets de classe.