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Les professionnels de l’accompagnement des jeunes face à l’essor du travail ubérisé dans les QPV


Le phénomène d’ubérisation de l’emploi touche les quartiers de la politique de la ville (QPV) davantage que d’autres territoires. Si l’amplitude du phénomène varie selon la configuration socio-urbaine des territoires concernés, on constate une corrélation, à pauvreté et taux de chômage comparables, avec l’importance dans ces quartiers de la population étrangère. De manière générale, les jeunes candidats au travail ubérisé tendent à échapper aux dispositifs d’accompagnement, car ceux-ci, configurés pour l’entrepreneuriat ou le salariat, ne répondent pas nécessairement à leurs besoins ou attentes.

Cette recherche s’intéresse aux effets de la montée en force du travail ubérisé dans les QPV sur les représentations et pratiques des professionnel·les de jeunesse opérant dans les champs de l’insertion et de l’accompagnement vers l’entrepreneuriat.

Quel regard portent-ils/elles sur le phénomène de l’ubérisation ? Comment celui-ci se manifeste-t-il dans leurs activités auprès des jeunes ? Quelles réponses et quelles attitudes appelle-t-il de leur part ? Une nouvelle figuration de l’employabilité des jeunes émerge-t-elle chez les professionnel·les concerné·es ?

Pour répondre à ces questions, la recherche s’appuie sur une revue de littérature, une analyse statistique et des entretiens qualitatifs effectués en Seine-Saint-Denis – en particulier à Aubervilliers et Sevran – ainsi que dans la métropole bordelaise.

L’enquête met en lumière une interaction différente entre les jeunes et les acteur·trices de l’insertion ou de l’entrepreneuriat et montre que la présomption d’inemployabilité qui pèse sur les jeunes des quartiers populaires ne tient pas face à l’ubérisation. Les professionnel·les reconnaissent en effet que les activités déployées nécessitent la mobilisation de toute une série de compétences pratiques, constitutives d’un savoir-être. La reconnaissance de ces compétences, dans les discours des professionnel·les renforce l’hypothèse de l’exclusion d’une partie de la jeunesse par un marché du travail qui, au-delà des qualifications, leur dénie précisément les compétences de savoir-être, et les discrimine sur la base de préjugés et de stéréotypes associés à l’idée de leur trop faible employabilité.