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Quand le sport (dés)oriente les parcours des jeunes


Cette recherche, soutenue par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), est une contribution supplémentaire pour une meilleure connaissance de la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur à travers le prisme des engagements extra-scolaires. Au-delà d’un apport sur les rapports des jeunes aux études supérieures, il s’agit d’étudier les risques et les opportunités perçus par une jeunesse qui valorise les investissements sportifs au point d’en faire un levier de son orientation. En percevant leur capital sportif comme un atout susceptible de se convertir en bénéfices scolaires et même professionnels, certains jeunes peuvent en effet entrer dans une « illusio », c’est-à-dire la croyance « que le jeu en vaut la chandelle, ou, pour dire les choses simplement, que ça vaut la peine de jouer » (Bourdieu, 1994).

Ce rapport expose en introduction le contexte, les fondements théoriques sur lesquels s’appuie cette recherche. À la suite de cette contextualisation, les résultats liés à l’exploitation de deux enquêtes menées au cours de ces deux années, se déclinent en trois temps. Dans une première partie, l’analyse des aspirations d’élèves scolarisés dans vingt-et-un lycées professionnels permet d’identifier les déterminants d’une orientation basée sur le goût du sport, notamment du côté des jeunes filles, et d’appréhender l’antériorité des projets de poursuite d’études supérieures « risquées » comme à l’université.

À cet égard, plébiscitée par les élèves de terminale, la filière des sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) s’avère un terrain propice puisque ses étudiant·e·s ont souvent des parcours structurés par des engagements personnels dans le monde sportif et partagent un goût pour la pratique sportive. La deuxième partie, centrée sur les jeunes inscrits en première année de STAPS dans une université française, souligne combien le rapport des bachelières et bacheliers aux études supérieures ne peut se décliner au singulier, en particulier du côté des titulaires de baccalauréats professionnels.

Les bachelières et bacheliers professionnels en STAPS constituent donc le coeur de la troisième partie de ce rapport. Leur origine scolaire et leur choix atypique d’études supérieures longues en font souvent des étudiant·e·s invisibles dans les statistiques ou enquêtes nationales qu’il importe de mettre en lumière. La plupart des jeunes enquêté·e·s construisent un chemin positif à partir de leur orientation en lycée professionnel et deviennent responsables de leur histoire en s’autorisant d’autres destins scolaires que ceux préfigurés par leur cursus dans l’enseignement professionnel. Le fait que certain·e·s misent sur leur engagement sportif pour s’autoriser une inscription en STAPS et déjouer ainsi les probabilités statistiques concernant leur orientation offre la perspective de repenser leur place à l’université. En conclusion est présentée une synthèse des résultats qui répond aux problématiques soulevées par cette recherche.