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Quatre collégiens sur cinq envisagent de devenir bénévoles dans une association


Les adolescents de 13 ou 14 ans se déclarent
très majoritairement désireux de participer à la vie
associative : 82 % d’entre eux envisagent, dans les années
à venir, de s’engager comme bénévole, dont une moitié
« certainement », et l’autre « probablement ». La lutte
contre les discriminations est le domaine qui les attire le plus,
devant la protection de l’environnement, le secourisme,
l’aide aux personnes en difficulté et le sport. Cette volonté
d’engagement est plus forte quand un des parents est bénévole,
chez les filles et les descendants d’immigrés. Par ailleurs,
la protection de l’environnement intéresse plus les meilleurs
élèves et les enfants de cadres alors que le bénévolat
dans un domaine social mobilise plus les jeunes vivant
dans une famille monoparentale.


 

Quatre collégiens sur cinq envisagent de devenir bénévoles dans une association

 

Les adolescents de 13 ou 14 ans se déclarent très majoritairement désireux de participer à la vie associative : 82 % d’entre eux envisagent, dans les années à venir, de s’engager comme bénévole, dont une moitié « certainement », et l’autre « probablement ». La lutte contre les discriminations est le domaine qui les attire le plus, devant la protection de l’environnement, le secourisme, l’aide aux personnes en difficulté et le sport. Cette volonté d’engagement est plus forte quand un des parents est bénévole, chez les filles et les descendants d’immigrés. Par ailleurs, la protection de l’environnement intéresse plus les meilleurs élèves et les enfants de cadres alors que le bénévolat dans un domaine social mobilise plus les jeunes vivant dans une famille monoparentale.

Le développement de l’engagement associatif des jeunes constitue un objectif prioritaire des politiques publiques. En particulier, la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté du 27 janvier 2017 a facilité l’accès à l’engagement associatif des jeunes de moins de 16 ans et a rendu possible la validation des compétences acquises lors d’un engagement citoyen ou bénévole dans le cursus des étudiants.

Quels jeunes envisagent un engagement associatif dans l’avenir et quels domaines semblent les plus à même de les mobiliser ? Pour répondre à cette question, l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) et la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) ont interrogé un échantillon de 12 000 collégiens de 13 ou 14 ans sur leurs souhaits de bénévolat associatif au cours des années à venir [encadré « Source »]. À cet âge, les jeunes apparaissent très désireux de participer à la vie associative. Cette volonté d’engagement est plus soutenue parmi les filles, les descendants d’immigrés et lorsqu’un des parents est déjà bénévole. Elle fluctue aussi fortement selon le domaine de l’association.

 

Huit jeunes sur dix souhaitent s’engager dans une association

À 13 ans ou 14 ans, le bénévolat associatif est un projet d’avenir partagé par une grande majorité d’adolescents : 82 % d’entre eux envisagent de s’engager dans une association, dont 43 % certainement et 39 % probablement [tableau 2 à télécharger]. La lutte contre les discriminations est le domaine le plus fédérateur : 52 % des jeunes déclarent vouloir s’impliquer dans une association dédiée à cette cause. Les autres thématiques sociales font également l’objet d’un intérêt marqué : secourisme, aide aux personnes en difficulté et santé attirent entre 38 % et 41 % des jeunes 1.

Si la protection du climat et de l’environnement (44 %) et le sport (40 %) font jeu égal avec ces domaines, les missions humanitaires à l’étranger, l’encadrement de jeunes et le soutien scolaire sont moins mobilisateurs : autour d’un adolescent sur quatre souhaite œuvrer dans un de ces trois domaines. Enfin, malgré la visibilité médiatique apportée par les journées du patrimoine, la préservation du patrimoine architectural apparaît comme le parent pauvre des souhaits d’engagement des jeunes : seulement 14 % d’entre eux retiennent ce domaine.

 

Avoir un parent bénévole favorise l’émergence du souhait d’engagement

Les 20 % de jeunes dont un parent est déjà bénévole dans une association manifestent une volonté d’engagement plus soutenue : 90 % d’entre eux envisagent de devenir à leur tour bénévoles contre 80 % des autres adolescents [tableau 1]. Cette plus forte volonté d’engagement s’observe quel que soit le domaine, mais est particulièrement prononcée pour le sport : quand un de leurs parents est bénévole, 52 % des adolescents souhaitent s’engager dans ce domaine contre seulement 37 % des autres jeunes du même âge. Le secourisme, les missions humanitaires à l’étranger, la protection de l’environnement et l’encadrement de jeunes sont aussi plus fréquemment retenus par les collégiens dont les parents sont bénévoles. Ces domaines étant aussi ceux qui sont le plus souvent choisis par la population adulte (Prouteau, 2018), on peut supposer que les parents bénévoles ne transmettent peut-être pas seulement à leur enfant le goût de l’engagement associatif, mais aussi une appétence pour le domaine de l’association à laquelle ils appartiennent 2.

Le bénévolat des parents étant inégal selon le niveau de diplôme ou le milieu social, une analyse « toutes choses égales par ailleurs » est nécessaire pour mesurer le lien propre de chaque caractéristique avec le souhait d’engagement de l’enfant. Ses résultats confirment qu’avoir un parent bénévole est le facteur qui, tous domaines confondus, favorise le plus la volonté de participer à la vie associative : à autres caractéristiques comparables, il augmente la probabilité de souhaiter s’engager de 10 points [tableau 3 à télécharger]. Cette influence est vérifiée quel que soit le domaine, mais reste plus prononcée sur le sport, le secourisme et l’encadrement de jeunes : les adolescents dont l’un des parents est bénévole voient leurs chances de citer un de ces domaines s’accroître de 10 à 15 points [tableau 4 à télécharger].

 

La plus forte volonté d’engagement des filles reflète une attirance marquée pour les questions sociales

Les filles sont plus nombreuses que les garçons à souhaiter devenir bénévoles : 86 % d’entre elles envisagent cette éventualité contre seulement 78 % des garçons [graphique 1]. C’est principalement sur une attirance plus forte pour les domaines sociaux que repose ce désir de bénévolat plus fréquent. Ainsi, la lutte contre les discriminations mobilise beaucoup plus les filles que les garçons : 60 % d’entre elles souhaitent devenir bénévoles dans une association dédiée à cette cause contre seulement 44 % des garçons. De même, l’aide aux personnes en difficulté, la santé, les missions humanitaires à l’étranger, l’encadrement de jeunes et le soutien scolaire constituent autant de domaines où les filles veulent s’investir beaucoup plus fréquemment que les garçons.

En revanche, ceux-ci sont plus attirés par les associations sportives : 46 % d’entre eux souhaitent devenir bénévoles dans l’une d’entre elles contre seulement 34 % des filles, ce qui peut être mis en relation avec le fait que celles-ci font moins souvent du sport que les garçons (Caille, 2020). Tout en étant relativement peu choisie dans les deux cas, la préservation du patrimoine architectural est le seul autre domaine plus masculin que féminin : 17 % contre 11 %.

La protection de l’environnement et le secourisme sont majoritairement choisis par les filles, mais avec des écarts plus ténus que dans d’autres domaines. Ainsi, l’environnement est un domaine d’engagement souhaité par 47 % des filles et 42 % des garçons et le secourisme, encore plus paritaire, par 42 % des premières et 40 % des seconds.

Ces différences de choix entre garçons et filles sont confirmées toutes choses égales par ailleurs. En particulier, l’attirance plus forte des filles pour les thématiques sociales est à nouveau très marquée. À autres caractéristiques comparables, entre 12 et 16 points séparent leurs intentions d’engagement de celles des garçons dans les domaines de la lutte contre les discriminations, de l’aide aux personnes en difficulté, de la santé, des missions humanitaires à l’étranger et du soutien scolaire [tableaux 3 et 4]. Cette volonté plus forte des filles de se consacrer à des activités utiles pour les autres est bien en phase avec les résultats récurrents des enquêtes sur l’orientation professionnelle qui montrent que les filles sont toujours plus attirées que les garçons par les professions à forte utilité sociale. Ainsi, dans les pays de l’OCDE, les métiers de la santé sont en moyenne choisis trois fois plus souvent par les filles que les garçons (Givord, 2020).

 

Source

L’Enquête sur les activités des jeunes en dehors du collège (AJEC) a été réalisée par l’INJEP et la DEPP qui ont interrogé 14 632 élèves, d’avril à août 2019, sur leurs activités dans quatre domaines : le sport, l’engagement associatif, les vacances et le travail scolaire à la maison. 13 179 collégiens interrogés ont répondu à l’enquête en fournissant une réponse exploitable, ce qui porte le taux de réponse à 90,1 %. Cette enquête s’insère dans le dispositif du panel d’élèves recruté au cours préparatoire en 2011 et suivi depuis cette date par la DEPP. Au moment où ils ont été interrogés, les collégiens avaient de 13 à 14 ans et étaient pour la plupart en classe de quatrième. Seuls les répondants dont les parents avaient répondu à l’enquête Famille de 2012 du panel 2011 ont été retenus dans la population d’intérêt, soit 12 258 élèves. Une pondération a été calculée pour que ces jeunes soient représentatifs de l’ensemble des élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.

Le souhait d’engagement associatif a été mesuré en demandant aux jeunes s’ils envisageaient, dans les années à venir, de s’engager dans une association intervenant dans un des dix domaines suivants :

• actions auprès de personnes en difficulté (personnes âgées, handicapées, SDF…) ;
• défense et préservation du patrimoine architectural (monuments, châteaux, bâtiments anciens…) ;
• encadrement d’enfants, d’adolescents dans une association de quartier ou un mouvement de jeunes (scoutisme…) ;
• environnement, protection de la nature, réchauffement climatique ;
• lutte contre les discriminations (racisme, homophobie, antisémitisme, harcèlement…) ;
• missions humanitaires à l’étranger ;
• encadrement ou organisation d’une activité sportive ;
• santé, aide aux malades, recherche médicale ;
• secourisme ;
• soutien scolaire.

Les jeunes ayant déclaré s’engager « certainement » ou « probablement » dans un de ces domaines sont considérés comme souhaitant devenir bénévoles.

 

Une volonté d’engagement nettement plus soutenue parmi les descendants d’immigrés

Les descendants d’immigrés se distinguent des autres jeunes par un souhait de bénévolat plus fréquent. D’une part, ils sont particulièrement mobilisés par les domaines qui les concernent directement comme la lutte contre les discriminations et les missions humanitaires à l’étranger. D’autre part, ils sont aussi plus attirés par les domaines sociaux, ce qui peut être mis en relation avec des conditions de vie souvent moins favorisées que celles des autres adolescents. Ces deux tendances sont particulièrement marquées parmi les descendants des immigrés d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Ainsi, plus de la moitié d’entre eux souhaitent devenir bénévoles dans une association dédiée à l’aide aux personnes en difficulté ou à la santé contre seulement le tiers des autres collégiens [tableau 1] ; la lutte contre les discriminations et les missions humanitaires à l’étranger mobilisent respectivement 69 % et 45 % des descendants d’Afrique subsaharienne contre seulement 50 % et 27 % des jeunes sans parent immigré.

À autres caractéristiques comparables, cette plus forte volonté d’engagement reste très nette. C’est sur la santé que les descendants d’immigrés se différencient le plus des autres jeunes : quand l’un de leurs parents est originaire du Maghreb, d’Asie ou de Turquie, leur probabilité de vouloir s’engager dans ce domaine est, toutes choses égales par ailleurs, supérieure de 15 à 19 points [tableau 4]. Les écarts sont plus resserrés pour l’aide aux personnes en difficulté : les descendants d’immigrés du Maghreb gardent une probabilité de choisir ce domaine supérieure de 15 points, mais l’écart avec les adolescents sans parent immigré n’est plus que de 5 à 9 points pour les autres descendants d’immigrés. Les missions humanitaires à l’étranger et le soutien scolaire sont aussi des thématiques qui mobilisent davantage les descendants d’immigrés : quand un de leurs parents est originaire du Maghreb, d’Afrique subsaharienne, d’Asie ou de Turquie, leurs chances de retenir ces domaines sont, à autres caractéristiques comparables, de 10 à 17 points supérieures à celles des jeunes dont aucun parent n’est immigré. La lutte contre les discriminations fait apparaître des écarts d’ampleur comparable, sauf pour les descendants d’immigrés turcs.

La situation est plus contrastée dans les autres domaines. Les descendants d’immigrés d’Asie se singularisent par une plus forte mobilisation en faveur de l’environnement et du patrimoine architectural : leurs probabilités d’engagement dans ces domaines sont, à autres caractéristiques comparables, supérieures de respectivement 13 et 6 points de celles des adolescents sans parent immigré. En revanche, seuls les descendants d’immigrés du Maghreb et d’Afrique subsaharienne se démarquent sur l’encadrement des jeunes et le sport, avec des souhaits d’engagement supérieurs de 7 à 13 points.

 

La protection de l’environnement mobilise plus les meilleurs élèves et les enfants de cadres

Les enfants de cadres et de chefs d’entreprise se distinguent des autres jeunes par une mobilisation plus forte en faveur de l’environnement : 50 % d’entre eux choisissent ce domaine contre seulement 39 % des enfants d’ouvriers qualifiés et 38 % de ceux d’inactifs [tableau 1]. En revanche, ils se projettent moins fréquemment dans l’aide aux personnes en difficulté, retenue par le tiers d’entre eux contre la moitié des enfants d’inactifs. Par ailleurs, ces derniers se distinguent nettement des enfants d’agriculteurs sur la lutte contre les discriminations et le soutien scolaire : ces domaines sont choisis par respectivement 55 % et 33 % des premiers contre seulement 40 % et 15 % des seconds. L’intérêt pour l’environnement augmente aussi avec le niveau d’acquis scolaires en fin de cinquième : la moitié des 20 % de meilleurs élèves souhaitent s’engager pour cette cause contre un peu plus du tiers des 20 % de collégiens les plus faibles.

Toutes choses égales par ailleurs, le lien entre réussite scolaire et mobilisation pour l’environnement ressort encore nettement : 9 points séparent les 20 % de meilleurs élèves des 20 % de collégiens les plus faibles sur le choix de ce domaine [tableau 3]. Une différence d’ampleur comparable apparaît pour l’aide aux personnes en difficulté entre les enfants d’inactifs et ceux de cadres. La plus forte propension des enfants de cadres à se mobiliser pour l’environnement demeure, mais avec des écarts plus resserrés : 4 points les différencient des enfants d’ouvriers ou d’inactifs. En revanche, les enfants d’agriculteurs et d’inactifs s’opposent encore nettement en matière de soutien scolaire et de lutte contre les discriminations : 10 points les séparent sur le premier domaine et 8 points sur le second.

À 13 ou 14 ans, les projets d’engagement diffèrent aussi selon la composition de la famille. À autres caractéristiques semblables, les enfants de familles monoparentales ont une probabilité d’engagement supérieure de 5 points à celle des jeunes vivant avec leurs deux parents, tous domaines confondus. C’est sur la lutte contre les discriminations que cette tendance, qui s’observe pour tous les domaines sociaux, est la plus prononcée, avec des souhaits d’engagement supérieurs, toutes choses égales par ailleurs, de 8 points par rapport aux enfants vivant avec leurs deux parents [tableau 4]. Les jeunes vivant en famille recomposée affichent également une propension à s’engager dans l’encadrement des activités sportives inférieure de 7 points, qui peut être reliée au fait qu’ils ont moins souvent d’activités sportives encadrées (Caille, 2020). Enfin, les jeunes appartenant à une famille de cinq enfants et plus ont une probabilité d’engagement dans l’encadrement de jeunes plus forte, comme si le fait d’avoir beaucoup de frères et sœurs donnait le goût de s’impliquer dans un tel domaine : 10 points les séparent, toutes choses égales par ailleurs, des enfants uniques.

1. Dans cette étude, la notion de « domaine social » est utilisée dans son sens large : elle regroupe l’action auprès des personnes en difficulté, la lutte contre les discriminations, les missions humanitaires à l’étranger, la santé (y compris la recherche médicale) et le secourisme.
2. Toutefois, l’enquête ne recueillant pas le domaine de l’association dans laquelle les parents sont bénévoles, elle ne permet pas de vérifier cette hypothèse.

 

Sources bibliographiques

• Caille J.-P., « Les pratiques sportives des collégiens sont très liées au rapport au sport de leurs parents et à leurs vacances d’été », INSEE, France portrait social, 2020.
• Givord P., « Dans les pays de l’OCDE, les aspirations éducatives et professionnelles des jeunes de 15 ans sont très marquées par le milieu social », INSEE, France portrait social, 2020.
• Prouteau L., Bénévolat et bénévoles en France en 2017. État des lieux et tendances, Centre de recherche sur les associations, rapport de recherche, 2018.