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Y a-t-il un âge en politique ? Parcours de jeunes maires en France


Dans un contexte de vieillissement accru des élus municipaux depuis les années 1980 et de « crise de la vocation » illustrée par un recul du nombre de jeunes candidats à la fonction de maire et l’augmentation du nombre de démissions, la présente recherche invite à saisir les parcours biographiques de jeunes maires âgés de 18 à 35 ans. Croisant la littérature sur les élus locaux et celle sur les parcours biographiques, ce rapport s’appuie sur 36 entretiens de jeunes maires et sur une enquête quantitative en ligne à laquelle ont répondu 4 784 élus (maires, adjoints, conseillers municipaux) âgés de 18 à 35 ans au moment de l’élection en 2014. Quels sont les événements déclencheurs, les ressources mobilisées, les dispositions intervenant dans l’accès à un mandat municipal ? Comment ces jeunes, qui accèdent à une fonction de leadership et qui sont nourris par des valeurs d’intérêt général, composent-ils leur quotidien entre leur activité de maire et une entrée à l’âge adulte marquée par des responsabilités professionnelles et conjugales ? Existe-t-il une spécificité de la jeunesse dans la manière d’exercer la fonction de maire et dans quelle mesure l’âge induit-il un rapport différent avec les administrés ? Pour répondre à ces différentes questions, ce rapport articule trois temps différents :

– Le premier temps, celui de l’enfance et de l’adolescence, révèle tout d’abord comment se sont construits chez ces jeunes, à partir de l’environnement familial, scolaire, associatif ou professionnel, des dispositions favorables à la prise de responsabilité politique.

– Le second temps porte ensuite sur la campagne municipale, la prise de fonction et les premières années de mandat durant lesquelles l’élu « doit faire ses preuves ». La légitimité pour les jeunes édiles est à la fois à conquérir et à maintenir. À conquérir d’abord, le temps d’une campagne municipale où l’attribut de la jeunesse peut constituer pour les adversaires politiques un élément de fragilité susceptible d’être attaqué. À maintenir ensuite lorsque le jeune maire, une fois élu, se trouve davantage scruté par les administrés en attente de ses premiers faits d’armes.

– Le troisième temps, celui du travail quotidien du maire et des éléments plus projectifs, révèle une forte hétérogénéité de pratiques et d’incarnation de la fonction qui varie fortement selon des variables liées aux caractéristiques de la commune (rurale ou urbaine, politisée ou non, etc.), mais aussi selon les profils sociologiques et les caractéristiques personnelles des maires (homme ou femme ; « néophyte » ou « hypersocialisé politiquement » ; « encarté » ou non ; professionnel de la politique ou salarié exerçant hors de la politique ; etc.). Ces expériences différenciées agissent en retour sur le souhait affirmé ou non pour ces jeunes maires de se représenter aux prochaines élections municipales de 2020.


 

Le prix de l’engagement dans la politique municipale

 

Par Isabelle Lacroix et Laurent Lardeux