Ce rapport explore les mécanismes de financement public des associations, soulevant des questions essentielles souvent négligées par les sciences sociales. Il aborde également les conséquences de ces financements sur le développement des activités associatives et leur autonomie. Qui finance-t-on et pourquoi ? Comment s’opèrent les arbitrages concernant les financements publics en direction des associations ? Selon quels critères et quelles rationalités ? Et quelles sont les incidences des modalités d’attribution des financements dans le développement des activités associatives et leur autonomie d’action ?
Pour répondre à ces questions, une enquête quantitative inédite permettant d’objectiver sur dix années la carrière financière des associations a été menée sur la commune de Roubaix, dans le Nord, qui offre un terrain propice à l’étude en raison de sa dynamique associative et de sa politique de la ville. Les données quantitatives sont complétées par un matériau qualitatif permettant de renseigner les variations financières observées, via des entretiens avec des responsables associatifs, des élus et des agents, ainsi que l’étude des archives et données financières fournies par certaines associations.
L’enquête met en lumière la relative stabilité des financements pour certaines associations, mais également des variations importantes, pour d’autres, qui entraînent parfois une précarité financière. Ces variations peuvent être liées à des considérations techniques ou administratives, mais aussi à des choix politiques, tels que le clientélisme associatif qui reste ici marginal en dépit des fantasmes qui l’entourent. Les résultats montrent également des coupes de subventions en réponse à des critiques associatives sur les politiques publiques, contribuant à la dépolitisation du secteur associatif.
Cette situation soulève des questions sur le rôle des associations en tant qu’écoles de citoyenneté dans un contexte où le financement est souvent conditionné par l’acceptation des politiques publiques locales. Si les phénomènes ici présentés sont peut être accentués par le tissu social très précarisé de la ville étudiée, ils apparaissent néanmoins relever de mécanismes systémiques qui dépassent de loin les frontières septentrionales.