Un dossier coordonné par Pierre-Marie Chauvin, allocataire moniteur normalien au LAPSAC/université Bordeaux-II, Caroline Dufy, professeure agrégée, enseigne à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, Élisabeth Gessat-Anstett, post-doctorante, affiliée au Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen, École des hautes études en sciences sociales, Ronan Hervouet, maître de conférences au LAPSAC/université Bordeaux-II
Un dossier coordonné par Pierre-Marie Chauvin, allocataire moniteur normalien au LAPSAC/unive rsité Bordeaux-II, Caroline Dufy, professeure agrégée, enseigne à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, Élisabeth Gessat-Anstett, post-doctorante, affiliée au Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen, École des hautes études en sciences sociales, Ronan Hervouet, maître de conférences au LAPSAC/université Bordeaux-II
Les oubliés de demain
Entretien avec Louis Chauvel, professeur des universités à l’institut d’études politiques de Paris, membre de l’Observatoire sociologique du changement, chercheur associé à l’Observatoire français des conjonctures économiques, par Chantal de Linares et Jean-Claude Richez
Au cours de cet entretien, Louis Chauvel, interrogé sur la place des jeunes dans la campagne présidentielle et au-delà, au sein de la société, note une sorte de « retournement » de la part des jeunes qui prennent conscience de la situation qui leur est faite. Malgré cela, la France, et c’est une spécificité nationale, fait peu de place aux jeunes diplômés et aucune aux jeunes sans qualification. Cette question de l’avenir menacé des générations nouvelles est un enjeu politique majeur qu’il est urgent de prendre en compte.
Devenir adulte : quatre modèles européens
Cécile Van de Velde, maître de conférences en sociologie à l’université de Lille-III, membre du Groupe de recherche sur les actions et les croyances collectives université de Lille-III, membre du Centre de recherche en économie et statistiques -INSEE, chercheure associée à l’Équipe de recherche sur les inégalités sociales, centre Maurice-Halbwachs (EHESS-ENS-université de Caen)
Cet article définit quatre modèles d’entrée dans la vie adulte en Europe occidentale et en analyse les principaux fondements politiques, économiques ou culturels. Il s’appuie sur l’analyse comparée des trajectoires familiales et professionnelles des jeunes adultes au Danemark, au Royaume-Uni, en France et en Espagne, à partir de l’exploitation de six vagues du Panel européen des ménages (1994-1999), complétée par plus de cent trente-cinq entretiens approfondis conduits auprès de Danois, de Britanniques, de Français et d’Espagnols âgés de 18 à 30 ans, portant sur les relations familiales, le rapport aux études, ainsi que sur les représentations associées à l’âge adulte.
Pologne, les jeunes au cœur de la précarisation de l’emploi
Stéphane Portet, docteur en sociologie, agrégé de sciences économiques et sociales, détaché à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris), coordinateur du Centre Michel Foucault de recherche et de formation en sciences sociales à l’université de Varsovie (Pologne), membre de l’équipe Simone-Sagesse/CERT OP à l’université Toulouse-Le Mirail, expert auprès de plusieurs organisations dont le Bureau international du travail
La Pologne contemporain e est sujette à une dynamique forte de flexibilisation et de précarisation des relations d’emploi. Cet article montre que les jeunes sont une catégorie centrale de ce processus, à la fois comme victimes et comme « porteurs sociaux » des mutations actuelles. Un nouveau rapport au contrat de travail apparaît, caractérisé objectivement par le développement du self-employment et subjectivement par une doxa générationnelle des jeunes actifs tranchant avec les aspirations à la sécurité et à la stabilité des salariés plus âgés.
Les Luso-descendants : une nouvelle première génération d’émigrants
Irène Dos Santos, doctorante à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris (thèse en anthropologie sociale sur les processus mémoriels et identitaires en contexte migratoire, à partir du cas de jeunes franco-portugais, sous la direction de Françoise Zonabend) ; rattachée au Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France et boursière de la Fundação para a Ciência e a Tecnologia (Portugal)
S’appuyant sur un travail de terrain réalisé auprès de jeunes issus de la migration portugaise, l’auteure analyse la politique élaborée par l’État portugais depuis la fin des années 1990 en direction de la génération des enfants d’émigrants : les Luso-descendants. Cette politique qui vise à construire une conscience diasporique est fondée sur une conception d’appartenance nationale essentialiste en décalage avec l’identité de cette « deuxième génération ».
Création d’entreprise et désirs d’autonomie
Fabien Reix, chercheur au LAPSAC, département de sociologie, université Victor Segalen/Bordeaux-II
L’analyse des trajectoires biographiques de quarante-cinq créateurs d’entreprise aquitains permet de montrer que la construction des parcours de ces entrepreneurs s’inscrit dans des logiques générationnelles tant familiales qu’historiques. Cet article montre ainsi que l’engagement entrepreneurial relève aussi bien d’une volonté de mettre à distance son héritage familial que du désir, incarné par la jeune génération, de s’affranchir d’une partie des contraintes du capitalisme moderne en défendant une nouvelle conception du travail qui s’intègre dans un « projet de vie global ».
Deux générations face au troc dans la Russie des années 1990
Caroline Dufy, agrégée de sciences économiques et sociales, enseigne à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, chercheure associée au SPIRIT (CNRS, Sciences-Po Bordeaux), spécialiste de la Russie postcommuniste
À travers l’exemple de la Russie en transition vers l’économie de marché et l’étude des formes de transaction en troc, l’objet de cette contribution est de comprendre comment les acteurs réagissent à un changement brutal du contexte économique. Sur la base d’une enquête ethnographique réalisée dans la région de l’Oural, nous montrons que, de la même façon que le marché n’émerge pas de façon spontanée, balayant l’héritage soviétique, les jeunes entrepreneurs n’ont pas supplanté les générations plus anciennes. Notre enquête établit que, dans la période postsoviétique, les différentes générations d’entrepreneurs se distinguent parfois moins par leurs pratiques que par des représentations différentes de l’action économique modelées en fonction de leur expérience de l’entreprise et du contexte normatif et historique dans lequel elle s’est forgée.
Un mineur peut-il être président ou trésorier d’une association ?
Jean-Claude Bardout, magistrat, conseiller à la cour d’appel de Toulouse
En raison du droit d’association des enfants, garanti par la Convention internationale des droits de l’enfant, un mineur peut adhérer à une association et participer à sa création. Seule l’association peut, par ses statuts, définir un âge minimal pour l’éligibilité aux postes de direction. Il ne semble pas qu’existe un fondement légal à l’interdiction , parfois édictée à l’encontre des mineurs, d’exercer des fonctions de direction ou de gestion de l’association de droit commun. Nos associations devraient donc s’enrichir des pratiques d’organisation nouvelles apportées par les adolescents.
Les représentations de l’autonomie : une affaire de genre
Monique de Saint Martin, directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), chercheure au Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS), Paris, mène et dirige des recherches en sociologie de l’éducation et des élites, coordonne la recherche « Expériences éducatives et construction des frontières sociales », Judit Vari, doctorante en sociologie à l’EHESS, au CEMS, mène ses recherches sur les espaces intermédiaires de socialisation et l’apprentissage de la négociation par les adolescents et les jeunes adultes au sein des structures périscolaires, Barbara Bauchat, doctorante en sociologie à l’EHESS, Paris, travaille sur la mobilité géographique et ses effets dans les classes supérieures
Cet article, en prenant appui sur une analyse secondaire de l’enquête Éducation et famille (INSEE 2003) et une enquête exploratoire auprès de parents et de jeunes, montre comment, si ceux-ci s’accordent le plus souvent sur un modèle éducatif familial reconnaissant et valorisant l’apprentissage de l’autonomie, il n’en reste pas moins des différences dans la manière de concevoir cette autonomie chez les uns et les autres, selon que l’enfant est un garçon ou une fille et selon la catégorie sociale. Parents et jeunes, garçons ou filles semblent assez fortement attachés aux représentations sexuellement différenciées de l’autonomie. Cela ne va pas sans des tensions, qui débouchent parfois sur des conflits.
Pour en savoir plus
Bibliographie :
Recension – Les jeunes Européens et leurs valeurs : Europe occidentale, Europe centrale et orientale, Olivier Galland, Bernard Roudet (dir.)
– LIVRES
Comptes rendus de lecture
• Le capital guerrier : concurrence et solidarité entre jeunes de cité, Thomas Sauvadet
• La souffrance des adolescents : quand les troubles s’aggravent – signaux d’alerte et prise en charge, Philippe Jeammet, Denis Bochereau
• Mixité, parité, genre dans les métiers de l’animation, sous la direction de Jean-Claude Gillet et Yves Raibaud
• L’État et les quartiers : genèse d’une catégorie de l’action publique, Sylvie Tissot
• La première fois : le passage à la sexualité adulte, Didier Le Gall, Charlotte Le Van
• Les gars du coin : enquête sur une jeunesse rurale, Nicolas Renahy
Parutions
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